1. Mister Hyde - 1


    Datte: 15/08/2018, Catégories: Entre-nous, Hétéro

    « Je suis moulue » affirma Frédérique en se laissant tomber dans le canapé. Derrière elle, Frédéric ébaucha un mouvement mais laissa retomber sa main. Il reporta son attention sur la pièce. Tout y était parfaitement ordonné. Le déménagement était terminé, il n’avait plus qu’à s’en aller. Il resta cependant planté là, sans bouger, à moins d’un mètre de la femme qu’il aimait encore et qui l’avait quitté. Il lui fallut faire un effort pour déporter son regard de la chevelure blonde vers la cheminée qui occupait bien les trois quarts du fond de la pièce. Une cheminée splendide, dans laquelle on aurait pu faire cuire un mouton entier, tant elle était large et profonde. D’un pas qui se voulait nonchalant, il franchit la dizaine de mètres qui le séparait de l’ouvrage de pierre. De la pierre de Caen, granuleuse. Il trouva sous sa main la sensation qu’il espérait, celle du sable solidifié. Il caressa la cheminée, accompagnant de la paume et des doigts les arrêtes et les rotondités du tablier et des jambages. Il sentit les fines granules agacer l’extrémité de ses phalanges. Ce n’était pas cela qu’il souhaitait caresser, il le savait. Mais ses doigts le démangeaient trop et il se devait de tromper leur faim. Il entra dans le cœur en baissant à peine la tête et frôla le linteau. Puis, levant les yeux, il découvrit le ciel. Un instant, il s’imagina ramoneur et s’amusa de l’analogie sexuelle qu’il chassa aussitôt de sa pensée en la faisant bifurquer vers Noël et son heureux père qui ...
    ... n’aurait aucun mal à se glisser dans le large conduit. Une fraction de seconde, il détesta le vieux barbu qui serait présent près des siens alors que lui était chassé du paradis. Il se tourna alors vers le fond de l’âtre pour se repaître de sa noirceur. « Mon cœur est comme cette cheminée, se dit-il, il a brûlé d’un feu joyeux mais maintenant, il n’est plus que cendres et suie. » Cette réflexion apporta un sourire triste sur ses lèvres, un sourire de façade, certes mais assez présentable pour qui puisse enfin faire face à Frédérique en lui masquant son désespoir. - Je vais prendre une douche et me coucher dit-il en lui montrant ses mains couvertes de poussière noire… A moins que tu ne veuilles profiter de la salle de bains avant de t’écrouler complétement. Frédérique ne répondit pas, elle se contenta de le regarder s’approcher pour la dépasser et quitter son champ de vision. Elle l’entendit descendre les premières marches, ébaucha un geste de la main, comme pour le retenir, et laissa retomber son bras. Elle n’avait plus aucun droit sur lui puisqu’elle l’avait quitté. Elle n’avait donc pas celui de le retenir et encore moins celui d’implorer ses caresses. Du regard, elle embrassa la pièce dans laquelle elle allait vivre désormais. Seule… ou presque. Son petit bout de chou d’à peine six mois n’arriverait que mardi, en compagnie de sa mère. D’ici là, Frédéric serait reparti à paris. La rupture serait alors consommée. S’en voulait-elle ? peut-être, elle n’en était pas sûre, elle ...
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