1. Suite et fin.


    Datte: 07/09/2018, Catégories: bizarre, chantage, nonéro,

    Seul dans ma maison (c’est bon la voix, je t’entends assez souvent comme ça), je suis perdu. Je tourne autour de la table basse du salon, résistant à la folle envie qui s’est emparée de moi. Je veux boire ! Me saouler jusqu’à ce que mon esprit arrête de me torturer. Mais je résiste tant bien que mal et passe la matinée à errer comme une âme en peine. Je n’ai envie de rien faire. Un instant je regrette de ne pas avoir accepté les antidépresseurs, mais les deux bières qui restaient dans le frigo ont joué le même rôle. Vers 12 h 15, je suis dans la cuisine et me prépare un sandwich avec un reste de poulet arrosé de mayonnaise. Le téléphone sonne. Je cours jusqu’à la salle à manger et réussis à décrocher avant la deuxième sonnerie. C’est la petite jeune de la police. Je suis plein d’espoir. Mais les nouvelles ne sont pas bonnes ! Elle me raconte que son collègue qui s’occupe de cybercriminalité a essayé de repérer l’adresse IP de Gustave et que cela ne lui a servi à rien car l’individu est rusé et maîtrise les arcanes de l’informatique. Le policier pense qu’il s’agit d’un hacker car il passe par des proxys (j’évite de demander ce que c’est) en Russie, pour effacer ses traces. Impossible pour eux d’avoir une adresse IP dans ces conditions. Elle me dit qu’il ne me reste plus qu’à attendre qu’il entre à nouveau en contact avec moi et, à ce moment-là, ils essaieront de faire autre chose pour le coincer. J’aurais pu lui dire qu’il m’avait envoyé des photos de ma femme avec son amant, ...
    ... mais je ne suis pas encore prêt à raconter ma vie aux flics. Vers 13 h, le téléphone sonne. C’est mon aîné, Emmanuel, qui a appris la nouvelle par sa mère. Il a l’air tellement inquiet quand il me demande si je vais bien, si j’ai besoin de quelque chose, si je souhaite qu’il me rende visite, que cela me noue les tripes et fait monter de grosses larmes à mes yeux. Sa sollicitude me touche et j’ai envie de pleurer comme avec Jean-Pierre, mais je me retiens. Je le remercie de son appel en essayant de le rassurer (en essayant de te rassurer, claironne cette foutue voix) que maman allait peut-être changer d’avis. Lui, comme moi, savons que je raconte des conneries à ce moment-là. Je raccroche le téléphone et l’instant suivant, il sonne à nouveau. Mon autre fils, Julien, qui, lui aussi, me donne envie de pleurer tellement il a l’air contrarié par le malheur qui me frappe. Je l’écoute et quand il me propose de passer me voir, je lui dis qu’aujourd’hui ce ne sera pas possible car j’ai prévu de passer voir Pascal. Ce qui est un mensonge éhonté mais je ne sais pas quoi dire d’autre pour qu’on me laisse seul. — Il faut te reprendre mon vieux. Je parle encore à voix haute. Cette putain de voix prend un malin plaisir à me raconter que quand on parle seul, c’est le début de la folie. Je l’ignore et monte à mon bureau, peut-être ai-je des nouvelles de ce salopard. oo00oo J’avais oublié que j’avais propulsé l’écran de l’ordi contre le mur. Je dispose l’écran à nouveau sur le bureau, remets ...
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