1. LULU 3


    Datte: 29/09/2018, Catégories: Entre-nous, Hétéro

    ... l’envie de plaire, d’être applaudie et une certaine dose, jusqu’alors ignorée, de luxure l’ont décidée en dehors de toute concertation. Elle m’a ignoré, elle me trompe. J’ai le résultat sous les yeux, Lulu hurle son orgasme sous l’homme qui me la ravit. Elle annonce qu’elle veut utiliser le bidet, elle veut protéger son nouveau job, elle ne peut pas être enceinte. Je bats en retraite. Peu avant mon retour théorique du travail, Richard couvert de baisers, de promesses en tout genre, a quitté le domicile. Je me suis allongé à côté d’une épouse épuisée. Le repas de midi a été pris à quatorze heures « comme chez les gens bien » m’a dit Lulu. J’étais trop déçu pour parler. Elle était trop moulue. À dix-sept heures, elle entreprit de faire une énorme valise, remplie du strict nécessaire pour un stage de coiffure à Paris, expliqua-t-elle, en réponse à un coup d’œil interrogateur. Moins on parle, moins on ment. Elle devait se lever tôt le lundi matin. Nous ferions l’amour comme des fous à son retour. Elle n’est pas encore revenue. Même pas à La lune bleue. On n’y parle d’elle que pour évoquer sa disparition prévue par les plus perspicaces habitués. Et saluée d’un commentaire laconique: - Trop beau cul pour la province, tu parles ! Richard a vendu le contrat et s’est encore enrichi - Tiens, une carte avec un bonjour de Tanger ! Qui est cette Barbara qui pense à moi ? Je ne suis pas sensé le savoir. Elle ne m’avait pas parlé de son pseudonyme de scène, ni même de scène…Aurait-elle ...
    ... oublié son prénom? Retrouvera-t-elle le chemin de la maison ? À travers l’épais verre cathédrale de la porte d’entrée, j’aperçois une silhouette de femme, floue, déformée. Mais mon cœur, plus rapide que mes yeux, l’a reconnue et se met à battre à cent à l’heure. C’est Lulu. J’ouvre, je tente de sourire. Elle me regarde par en dessous, comme gênée. Maladroit je salue : - Bonjour Lulu. Enfin, ton stage est fini ! Elle ne sait comment interpréter ma phrase. Est-ce de l’ironie, une moquerie ou un reproche ? - Bonjour Paul. Je suis de passage, je voulais savoir comment tu allais ? - Viens, entre ! Je lui tends la main, la fais passer devant moi, sors et soulève la valise qu’elle a laissée su le palier. - Laisse, ce n’est pas la peine, j’en ai pour quelques minutes seulement ! Je reconnais cette valise toute cabossée. Il y a dix mois, elle était lourde, pleine à craquer; aujourd’hui elle a pris des coups, est toute râpée et si légère. - On s’embrasse ? Tu ne pars pas tout de suite, il y a longtemps que tu es en ville ? Viens t’asseoir ! Ses bises sur la joue sont toutes timides. Elle se tient à distance, ne sent pas bon, c’est un euphémisme et elle doit le savoir. Elle me regarde, ne sait pas quoi dire. Elle a dû préparer une déclaration. Elle hésite à parler. Moi, je n’ai rien préparé parce que je ne l’attendais plus. Je suis heureux de la revoir vivante, j’attends de savoir ce qui l’amène. Revient-elle pour de bon ou n’est-elle que de passage, comme elle l’a dit ? - Tu n’es pas ...