Une violence trop ordinaire
Datte: 02/10/2018,
Catégories:
médical,
uniforme,
humilié(e),
nonéro,
mélo,
Une vive chaleur sur ma joue, puis la douleur… La gifle a été si violente que je m’effondre sur le sol… J’ai encore dû dire ou faire quelque chose qu’« il ne fallait pas ». Les coups commencent à pleuvoir ; ce n’est pas la première fois. Je me recroqueville en attendant que l’orage passe ; je voudrais pleurer mais cela fait trop longtemps que je ne pleure plus. Pourtant, si je le pouvais, les coups stopperaient… Au début, la vue des larmes l’arrêtait, puis est venue une sorte de fatalisme. La douleur est toujours là, de plus en plus vive au fil des années, mais les larmes ne viennent plus. Même après, une fois qu’il est calmé, une fois qu’il est parti rejoindre sa maîtresse et que je me retrouve seule en tête-à-tête avec mes ecchymoses et mes plaies, mes yeux restent secs alors que mon cœur hurle sa détresse. Pourtant, ce soir quelque chose change… Du fond de mon cocon de souffrances, j’entends des voix inconnues autour de moi. Aurait-il invité des amis pour se joindre à la curée ? Non, ces voix sont différentes de celles grasses et lubriques de ses potes. Elles sont affairées, inquiètes. Je sens des mains sur mon corps douloureux, différentes elles aussi. Différentes de celles qui me tripotaient devant tout le monde, sans que je le veuille, lors des soirées foot trop arrosées qu’il organisait à la maison. Celles-là sont bienveillantes, apaisantes ; elles ne me tripotent pas, elles me manipulent avec soin, comme si elles avaient peur de me briser davantage. Je me sens ...
... soulevée. Une voix tout près de mon oreille me murmure des propos rassurants ; du fond de mon brouillard je l’entends me répéter inlassablement que « c’est fini… on va prendre soin de vous ». Je n’ose ouvrir les yeux de peur de faire s’évanouir dans le néant de mes rêves ces gens qui m’entourent de leur bienveillance et de leur sollicitude. Pourtant « la voix » me commande gentiment d’ouvrir les yeux si je l’entends… Je résiste… Elle insiste avec un « s’il vous plaît » plein d’une détresse contenue. Je finis par lui obéir mais n’arrive à ouvrir qu’un œil. Un visage jeune et inquiet s’encadre devant moi. Il sourit puis se détourne et murmure quelque chose à une autre personne. Une sensation de froid sur mon bras. Le visage revient : — Ne vous inquiétez pas, nous allons vous endormir pour vous transporter. Une légère sensation de piqûre et le noir m’envahit. * * * J’émerge doucement d’un engourdissement cotonneux. Ma tête me fait mal. Pourtant je ne me souviens pas avoir trop bu. Je sens à peine mon corps. J’essaie de bouger mais je ne peux pas, mes muscles refusent de fonctionner. J’entrouvre les yeux et me retrouve face à un plafond blanc ; la pièce est dans la pénombre. J’entends quelqu’un bouger à côté de moi. Une voix douce me rassure et demande comment je me sens. Je ne réponds rien. Des bruits de pas, une porte qui s’ouvre et qui se ferme, puis le silence. Combien de temps ? De nouveau la porte, puis un visage qui se place au-dessus du mien : — Bonjour, comment vous sentez-vous ...