1. Une violence trop ordinaire


    Datte: 02/10/2018, Catégories: médical, uniforme, humilié(e), nonéro, mélo,

    ... interpellation. 2) Mon nom figurant sur le titre de l’appartement, et en l’absence de volonté testamentaire de « monsieur », celui-ci me revient automatiquement. 3) Ce sont mes voisins qui m’ont sauvée, non par bonté d’âme mais parce qu’ils ont été dérangés par le bruit. Ils font d’ailleurs l’objet de poursuites pour non-assistance à personne en danger à cause de leur passivité durant toutes ces années. J’ai dû signer un nombre ahurissant de papiers, comptes rendus, actes, procès-verbaux, etc. Alors que mes interlocuteurs prennent congé, je lève mon ardoise pour leur « demander » qui m’a prodigué les premiers soins et qui m’a amenée ici ; j’apprends que ce sont les sapeurs-pompiers du centre de secours de C., épaulés par le SMUR de l’hôpital N. Je note un « Merci » sur mon ardoise et je m’endors épuisée. * * * Je suis sortie de l’hôpital il y a quinze jours, deux semaines très, trop, intenses pour trouver un logement, vendre l’appartement, retourner au travail avec un mutisme, une sociophobie et une phonophobie déclarés en handicap traumatique. Je rentre le soir dans mon studio pour m’effondrer sans forces sur mon lit. Et puis un week-end, je me décide : je me rends à l’hôpital N. afin de tenter de rencontrer ces gens du SAMU qui m’ont soignée. C’est une déception : ils ne sont pas de garde, mais « on » passera mon message. Je rentre dépitée mais satisfaite d’avoir pu effectuer cette démarche, heureuse d’avoir pu surmonter ma peur de sortir pour faire autre chose que ...
    ... d’aller au travail. La semaine suivante, le message a bien été passé : j’ai reçu une petite carte, signée par l’équipe qui m’a porté secours, me souhaitant un bon rétablissement. C’est un peu froid et convenu, mais ça me touche. Les jours suivants ont été générateurs d’angoisse car j’ai décidé de rendre visite aux sapeurs-pompiers. Le week-end arrive et, prenant mon courage à deux mains, je me rends au centre de secours. Mon dieu, que cette bâtisse est imposante ! Je sonne et manque de m’enfuir en courant ; le planton ne m’en laisse pas le temps et m’ouvre. Je lui présente ma requête grâce à ma petite ardoise qui, désormais, ne me quitte jamais. Il m’explique gentiment qu’il n’a pas le droit de me donner les informations que je demande car ils sont militaires. Il appelle ensuite un officier et lui fait part de mes attentes de pouvoir rencontrer mes sauveurs. Il raccroche et me propose de m’asseoir. Quelques minutes plus tard quatre hommes s’approchent de moi ; je me sens toute petite, je commence à paniquer, une boule d’angoisse pure monte en moi. Alors je vois leurs sourires et je me détends. — Capitaine H., commandant de cette compagnie. Enchanté, Mademoiselle. Voici les hommes qui ont traité votre intervention. Un par un ils s’avancent vers moi, me tendent la main, se présentent et me glissent un petit mot gentil. À la fin, je sens une grosse boule éclater dans mon ventre, je sens de l’eau ruisseler sur mes joues. Je comprends que les larmes sont revenues après tant d’années ...