Sur le fauteuil
Datte: 10/10/2018,
Catégories:
En solitaire,
Tout a commencé comme ça : quelqu’un avait oublié une revue sur la banquette du café que nous fréquentions beaucoup plus assidûment, Amaelle et moi, que les amphis de la Fac de droit. Je l’ai distraitement feuilletée. – Tiens, c’est marrant, écoute ! Un sondage : 87% des hommes et 69% des femmes reconnaissent se masturber régulièrement. Quelle conclusion on peut en tirer à ton avis ? – Pas la moindre idée. – Que 13% des hommes et 31% des femmes sont encore trop coincés pour l’avouer. Elle a éclaté de rire. – C’est pas complètement faux ! – Tu te ranges de quel côté ? Elle a haussé les épaules. – J’irais pas le chanter sur les toits, mais je vois pas pourquoi je m’en défendrais. J’ai toujours considéré ça comme parfaitement naturel. Pas toi ? – Moi ? Je suis un fervent pratiquant depuis de longues années. Depuis que je suis en âge de l’être en fait. Elle en a reparlé le lendemain. – Il le sait Fabrice que tu t’offres des petits câlins toute seule ? – Oui, ben alors là ! C’est un sujet qu’il est hors de question d’aborder avec lui ! La seule chose qu’il serait capable d’en conclure, c’est qu’il ne me satisfait pas puisque j’ai besoin d’autre chose. Ça n’a strictement rien à voir, mais ce qu’elle en prendrait un coup sa fierté de mâle ! Et toi, Anne, elle est au courant ? – Oh, Anne, ça lui viendrait même pas à l’idée que je puisse en avoir envie, puisque je l’aime. Le surlendemain aussi. – Ça non plus j’irais pas le raconter à n’importe qui – pour quoi je passerais ? – mais un ...
... type, le plus souvent, il te gâche ton plaisir plus qu’autre chose. Il est dans sa tête à lui. Même s’il te connaît bien, s’il essaie de te faire des trucs que t’aimes, c’est presque jamais ceux que tu aurais voulu à ce moment-là. Ou pas de la façon qu’il aurait fallu à ce moment-là. Tandis que toute seule ! C’est toi qui mènes le jeu. À ton rythme. Avec tes images. Comme tu veux. Tu les prends, tu les abandonnes, t’en fais venir d’autres. Tu peux te mettre et mettre les autres dans toutes les situations dont tu as envie. Tu n’es jamais déçue. Jamais. Elle a voulu savoir. – Mais t’es pas obligé de me répondre. À quoi tu penses, toi, quand tu te le fais ? – Ça dépend. Des jours. Du moment. De mon humeur. De tas de choses. Souvent ça part d’un petit rien. D’un coup de vent qui fait voltiger une robe, qui me laisse furtivement entrevoir une petite culotte. Du rideau d’une cabine d’essayage mal tiré. D’un regard croisé particulièrement appuyé. Dès que je suis seul, je revis la scène, je la fais durer, je brode tant et plus. Ça part dans tous les sens. Ça m’emmène où ça veut. Dans les endroits de moi-même les plus invraisemblables. – Je connais ça aussi. – Et puis j’ai mes histoires, des histoires qui me suivent depuis toujours. Qui sont chevillées à moi. Qui s’imposent quand elles l’ont, elles, décidé. – Et qui ne doivent surtout pas être racontées. Elles en perdraient tout leur pouvoir. Ça aussi je le sais. Elle a plongé ses yeux droit dans les miens… – Et à moi, tu y penses des ...