Sur le fauteuil
Datte: 10/10/2018,
Catégories:
En solitaire,
... Pendant le cours de droit administratif. On était assis côte à côte. Elle avait étalé son manteau sur ses genoux. Elle s’est appuyée contre moi, épaule contre épaule. Et elle a bougé. Imperceptiblement. Un remous qui a gagné tout le bras. Qui a pris consistance. À rythme plein. Échevelé. Elle a renversé la tête en arrière, s’est abandonnée contre moi. Elle s’est redressée, a chuchoté… – Ce sera ton tour tout-à-l’heure au café. – Eh ben vas-y ! À la table juste à côté la fille semblait absorbée par son livre. Plus loin deux types étaient engagés dans une conversation à grands gestes animés. Plus loin encore, un couple d’amoureux s’embrassait à bouche-que-veux-tu. J’ai glissé ma main dans mon pantalon. J’ai laissé mes yeux dans les siens. Jusqu’au bout… – Tu sais quoi ? Te retourne pas, mais je crois bien que les trois filles derrière elles se sont aperçues de quelque chose. – On repart le week-end prochain ? – T’as pas peur qu’il finisse par se poser des questions, Fabrice ? – Oh, Fabrice ! Il y en a que pour le foot en ce moment ! Ils partent en déplacement je sais pas trop où. Il s’apercevra même pas que j’étais pas là. Et toi, Anne ? – Elle va chez ses parents. Et comme je suis indésirable là-bas. – Eh bien on part alors ! Tu me laisses faire. Je m’occupe de tout. C’était un château de rêve perdu au milieu des bois. Une suite avec lit à baldaquin et baignoire à remous. – T’es complètement folle ! Ça doit coûter les yeux de la tête un truc pareil. – T’occupe ! C’est ...
... mes oignons. On a passé l’après-midi à arpenter lentement, au hasard, les rues d’une ville inconnue. En entrant de temps à autre dans une boutique. En regardant passer la foule, attablés à une terrasse de café. – C’est drôlement important pour moi, tu sais, d’être ensemble comme ça avant. De nous créer un climat, une ambiance à nous. On est bien. C’est ça qui me donne envie, à moi, qu’on se regarde le faire… Elle a appelé de la chambre à côté… – Ça y est ! Tu peux venir. Allume ! Elle était assise, complètement nue, sur l’un des deux grands fauteuils droits, une jambe passée, de chaque côté, par dessus les accoudoirs. Elle m’a fait signe. Je me suis déshabillé et me suis installé dans l’autre, tout près, mes genoux contre les siens. Et je l’ai regardée. Les seins lourds, fermes, veinés de bleu. L’encoche en bas, à nu sur ses replis dentelés, feuilletés, ombrés. L’entrée offerte de son réduit d’amour. J’ai regardé. Et elle m’a regardé regarder. Longtemps… Et puis elle s’est posé une main en bas. – Ils sont là… Tu les vois ? – Qui ça ? – Eux. Fabrice. Anne. Les copains de la fac. Ceux du café. Tous ceux de tous les jours. Tous. Ils sont tous là. Elle s’est lissée. Avec impatience. Avec emportement. De haut en bas. De bas en haut. – Oui. Ils sont là. Longs mouvements circulaires. Pressés. Insistants. Avec obstination. Avec délices. Je l’ai accompagnée. – T’as vu comment ils nous regardent ? T’as vu ? Ils n’en peuvent plus. Son souffle s’est fait plus court. Ses lèvres se sont ...