Janvier 2010
Datte: 29/10/2018,
Catégories:
fh,
couleurs,
vacances,
amour,
Masturbation
préservati,
pénétratio,
mélo,
amourdram,
... sont là, dans la rue, à attendre on ne sait quoi, sans ressources. Et c’est moi qui trouve refuge auprès d’inconnus accueillants. Est-ce parce que je suis étrangère ? Quelle valeur supplémentaire suis-je supposée avoir ? Je ferme les yeux, mais je ne peux pas dormir. Je revois des scènes horribles qui tournent en boucle dans ma tête. Ces images se mélangent insidieusement aux images de bonheur de Réginald et moi. Ironiquement, les mêmes paroles de Brel changent de signification. Sa peau noire, le sang rouge, fusion mortelle, à jamais ensemble, toujours réunis dans la mort. Jamais plus je ne le reverrai, jamais je ne l’épouserai, jamais je n’oublierai. Dormir, rien qu’un peu, fermer les yeux et essayer de ne plus penser à rien. Survivre. Le jour se lève, personne n’a vraiment dormi. Un café surgit de nulle part, minuscule bonheur dans ce monde gris. Un café noir. Sa peau noire. Mes larmes. Mais je bois lentement, il le faut. Après avoir mangé une vague bouillie préparée par une femme en guise de déjeuner, je me remets en route. On m’a dit que ce n’était plus très loin, que je devrais pouvoir me rendre assez rapidement. On a essayé de me retenir, de me parler des dangers de la route, des rumeurs de pillage et de viol, après tout ne suis-je pas une jeune femme seule et fragile qu’il faut protéger ? Mais je suis partie malgré tous leurs avertissements. Une route qui, par endroits, n’en est plus une, entre les voitures qui bloquent le chemin et les tas de gravats, il n’y a guère ...
... de place pour marcher. Quelques tronçons sont épargnés, mais encombrés par les survivants, installés là pour dormir, cuisiner, survivre, surtout ne pas retourner à l’intérieur des maisons encore debout. Je marche lentement, les yeux rougis par la poussière, le cœur serré, l’estomac dans les talons. De chaque côté, devant chaque maison me semble-t-il, des draps blancs enroulés autour de corps refroidis s’amoncellent. Il y a bien aussi quelques cercueils, j’aperçois même un homme transportant ainsi deux corps dans une sorte de vieille brouette. Mais comment vont-ils réussir à enterrer tout ce monde ? Les larmes coulent de mes yeux fatigués alors qu’une fois encore, des paroles cent fois entendues prennent une autre signification. Je finis par arriver à destination, à moitié soulagée par la foule qui se presse à l’entrée de l’ambassade, des noirs, des blancs, tous un peu gris finalement. Je ne dois pas avoir meilleure mine. Comme une automate, je brandis mon passeport canadien très haut pour que le garde de sécurité à la porte puisse le voir. Plusieurs minutes plus tard, ou plusieurs heures, le temps me file entre les doigts, je suis assise sur une chaise, sous un arbre. Des tentes sont érigées un peu partout, le bâtiment a été endommagé et n’est plus sûr. Un homme vient me voir et me demande comment je vais. C’est un médecin, je ne suis pas blessée, seulement traumatisée de ce que j’ai vécu et vu. Le soir venu, on me transporte dans une tente, à l’abri des insectes piqueurs, ...