Corps fous - Histoires de Sexe

Corps fous

... chéri. Ton monde me fait peur, je me sens si petite, si inutile, je ne sais même pas parler autre chose que le français et quelques mots ci et là d’anglais et si peu d’allemand ! Quant au grec…— Tu parlerais le zoulou que ce serait la même chose pour moi : c’est toi que je veux ! C’est toi que j’aurais voulu rencontrer, il y a vingt ans et plus, tu aurais alors été la mère de mes enfants, de nos enfants !— Arrête, ne parle pas de ça, je t’en prie ! Et puis, tu l’as bien vu, même comme collaboratrice, je ne suis pas…— Comme collaboratrice, tu as été très bien, quoique tu en penses. Et puis, c’est d’une femme à mes côtés dont je veux, pas d’une collaboratrice. Je m’éloigne de lui, je ne veux pas qu’il me prenne dans ses bras, sinon, je perdrais toute volonté, je me connais assez pour le savoir. — Ewan, soyons réalistes : tu as été un beau rêve pour moi, il est temps que je revienne sur terre. Voilà tout…— C’est quoi ce raisonnement de merde ? Il doit être très fâché pour employer ce vocabulaire, et il s’approche de moi dangereusement, je recule un peu, mais le mur est juste derrière moi. — Je ne suis qu’une simple employée de bureau dans une administration. Simple… J’ai quand même un assez bon grade. Toi, tu es un médiateur qui fraye dans les milieux interlopes, les grandes entreprises mondiales, les hauts dirigeants, les hommes politiques et j’en passe. Je ne te parlerai même pas de certains individus particulièrement louches, mais friqués. Qu’avons-nous en commun ? Je me ...

... sens totalement dépassée dans ton monde. Larguée.— OK, OK. Je peux ralentir mes missions ou en refuser certaines, d’autant que j’ai suffisamment mis de côté pour m’offrir une retraite anticipée.— Non, je ne peux pas t’imposer ça ! Non ! Tu en as déjà fait beaucoup en venant travailler en France, il y a presque deux ans. Non, tu as déjà beaucoup fait ! Tu as déjà beaucoup trop fait…— Bon, ça va, j’ai compris. Pour l’instant, tu as cette idée stupide en tête, et je ne pourrai rien faire pour te faire changer d’avis. Ce que femme veut, Dieu le veut, je sais ! Et il sort rageusement de la pièce, sans se retourner. Je m’effondre dans un canapé : pourquoi ne veut-il pas comprendre ? Dans d’autres circonstances, je serais restée avec lui toute ma vie, mais, tels que nous sommes actuellement, ce n’est pas possible, il y a un trop grand fossé entre nous. Alors je vais sur la terrasse. Là-bas, les montagnes se découpent dans le crépuscule. Il fait doux, tout est si calme alors qu’en moi, tout est tempête. Pourquoi ne veut-il pas comprendre ? J’ai vécu avec lui des mois formidables, mais je sais que ça ne peut plus durer, même si je suis folle de cet homme. Je sais aussi qu’un beau jour, il me verra d’un autre œil, que je ne serais plus pour lui qu’une habitude, puis plus tard un boulet. Et ça, je ne le veux pas. Alors autant partir en pleine gloire, comme certains artistes, plutôt que d’affronter la longue et lente déchéance. --ooOoo-- Ça va faire deux semaines que je suis revenue chez ...