1. Le vallon


    Datte: 17/11/2018, Catégories: amour, nonéro,

    Jadis, là haut, sur le vallon, il y avait quelqu’un. C’était un jeune homme. Assis au pied d’un arbre qui surplombait une immense prairie, il regardait, les yeux pleins d’amertume, le ciel azuré. Une plume à la main, du papier sur les genoux, il attendait. Il ne faisait rien, simplement il attendait. De longues heures ainsi s’écoulaient, toujours il ne bougeait pas. À la nuit tombée seulement, il se levait, l’air déçu : — Allons, l’inspiration ne vient pas. Et descendant le vallon , il suivait une étroite ruelle qui l’emmenait jusqu’au village. Arrivé au coeur des nombreuses maisons, il s’arrêta sur le perron de l’une d’elles, et devant la porte, sortit de sa poche une clé qu’il conduisit jusqu’à la serrure. La porte s’ouvrit et il entra. Le jeune homme se retrouvait alors dans une modeste demeure. Pauvrement meublé, elle se composait d’un lit de paille acculé dans un coin, d’une vieille chaise, et d’une petite table. On pouvait voir aussi quelques livres rangés sur les étagères, rien de plus. Le jeune homme poussa un soupir, puis après un temps, referma soigneusement la porte. Il posa ses effets sur la table et alluma le feu de la cheminée. Il s’assit après, un livre à la main, près de l’âtre. Et il lit ainsi une heure, peut-être deux, pour ensuite sans se rendre compte s’endormir sur sa chaise. Le lendemain, de bonne heure, les rayons du soleil au travers des fenêtres pénétraient jusqu’à lui. Leurs chaleurs l’appelèrent au réveil. Ses lourdes paupières clignèrent lentement, ...
    ... son regard était encore vague, mais il parvint peu à peu à retrouver une certaine fixité. Le feu de la cheminée s’était éteint durant la nuit, mais, accablé de fatigue, il dormait déjà trop complètement pour s’en apercevoir. Néanmoins, il vit son livre posé à terre, tout ouvert. Leurs pages jaunes et ennuyeuses l’avaient plongé dans le sommeil. Il le ramassa et le remit sur l’étagère parmi ses autres volumes. Alors, décidé qu’il était à ne plus se rendormir, il plongea sa tête dans une grande bassine d’eau. Le contact que lui procura cette froide humidité lui assura, du moins pour la journée, une transition définitive à l’état de veille. Une fois rafraîchi et les sens plus en éveil, on le vit se munir de sa plume, de ses feuilles, et de son encrier pour sortir hors de sa demeure. Là, il vit le beau soleil. Le jeune homme, lui, se sentait mieux. — Bon ! dit-il en regardant le soleil, si aujourd’hui avec ce fidèle allié je ne compose rien, vraiment, je suis à refaire ! Et il s’en retournait vers cette même ruelle qu’il avait empruntée la veille avec amertume, amertume qui cette fois se changea en indifférence. Il cueillit au passage quelques mûres rencontrées sur le chemin. Il les engloutit aussitôt. C’était sa maigre pitance ! Enfin il arriva, après une courte marche, sur cette même prairie, riche de fleurs et de verdure. Sans même y arrêter son attention, il se dirigea vers ce fameux vallon qu’il escalada sans peine - ses jambes de vingt ans l’y aidant de toute la vigueur de ...
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