Le vallon - Histoires de Sexe

Le vallon

... leur jeunesse -, et à nouveau, comme la veille, il redécouvrit ce vieil arbre au pied duquel il s’assit. Alors, il sortit de son sac sa plume son encrier et son papier. Il jeta un regard sur le ciel et les nuages naissants, çà et là éparpillés dans l’éther. Ce spectacle le fit entrer dans une curieuse méditation, méditation dont il ne sortit qu’une heure après pour plonger sa plume dans l’encrier. Mais, arrivé à cet instant suprême où la plume devait courir sur la feuille blanche, le jeune homme marqua un temps d’arrêt. Il hésitait, serrait le poing, fronçait les sourcils puis, résigné, reposait la plume. — Décidément, dit-il, je n’écrirais jamais rien ! Il doit y avoir une âme là-haut ou un malin en deçà qui en a voulu autrement ! Et brusquement, comme si on l’eut entendu, une voix d’une douceur angélique se fit entendre : — De qui parlez-vous, monsieur ? Est-ce de moi ? Le jeune homme, surpris de n’être pas seul, se retourna. C’était une jeune fille. Elle lui fit l’effet d’une véritable apparition. La jeune fille était de taille moyenne. Plutôt petite que grande, plutôt belle que laide, enfin plutôt gaie que triste. Elle avait des yeux noisettes lesquels pétillaient en jetant un vif éclat, un nez droit et petit, terminé par une paire de narines rondes et sympathiques, une bouche vermeille admirablement dessinée, des joues roses qui souvent - par l’incarnat qui rejaillissait - devaient rougir ; un front plein de malice et de générosité au-dessus duquel s’élevait une ...

... longue et brillante chevelure de jais, laquelle délicieusement retombait en cascade sur des hanches belles et sans reproche. La jeune fille vit l’effet produit sur le jeune homme et elle sourit. Elle se savait jolie. Un instant, le jeune homme demeura égaré. — Monsieur, dit-elle après un moment, vous ne me répondez pas ? Le jeune homme était sur un nuage. On lui intimait de redescendre. — Pardon ? balbutia-t-il.— Oui, vous parliez de quelque chose ou de quelqu’un. Etait-ce de moi ?— Oh n’y prêtez pas d’importance, dit-il finalement. Me croyant seul, je me parlais comme souvent il m’arrive de le faire, comme Socrate le faisait quand le génie prenait surface.— Socrate ?— Oui Socrate, Socrate le philosophe, Socrate le penseur, Socrate l’homme enfin ! celui qui se parlait à lui même et dont Platon recueillait les propos.— Oh alors, dit-elle, je vous dérange monsieur. Peut-être dois-je me retirer et vous laisser monologuer tout à votre aise ?— Non, non, restez mon enfant. Voyez, beaucoup de choses me dérangent ici bas, mais je puis vous jurer qu’une aussi charmante présence que la vôtre, en aucun cas cette présence ne me dérange, en toutes possibilités, elle ne peut que m’enchanter. La jeune fille rougit. — Oh, monsieur, dit-elle, vous disez de ces choses …— Eh quoi ! je dis ce que je pense, mon enfant, pas davantage.— Oh, monsieur, ne m’appelez plus mon enfant, je vous prie. Vous n’êtes pas assez vieil homme pour me parlez de la sorte et je ne suis plus tout-à-fait jeune pour être ...