Le vallon
Datte: 17/11/2018,
Catégories:
amour,
nonéro,
... appelée ainsi.— Comment vous nommer alors ? Mademoiselle, est-ce mieux ?— Non pas, monsieur, appelez-moi simplement Isolde, je vous prie.— Isolde ?— Oui. Isolde.— Oh, alors à une condition seulement.— Laquelle je vous prie ?— Que vous m’appeliez à votre tour non plus monsieur mais Niels.— Et … est-ce tout ?— Si le marché vous convient, eh bien, touchez-là. Et Niels, car ainsi il s’appelait, lui présenta la paume de ses mains. Isolde y apposa les siennes, blanches comme l’albâtre. Elle avait des doigts très fins, des doigts de fée. — Maintenant ceci étant fait, dit-il, ma chère Isolde, une question s’il vous plaît.— Je vous écoute, Niels.— Voilà, comment se fait-il que je ne vous ai pas vu arriver ? Ma parole, vous devez être un sylphe pour arriver ainsi jusque sur ce vallon sans que votre présence ne se manifestât à mes yeux, sans même que le bruit de vos pas ne tintât mes oreilles.— Oh Niels, dit-elle, peut-être vais-je vous étonner, mais avant tout, il faut que je fasse amende honorable. Depuis quelques jours déjà, je vous observe et vous vois assis au pied de cet arbre. Rester assis comme vous l’étiez, dans une telle posture, et cela des heures entières… Oh Niels, pardonnez car sur l’instant je me suis dit : « ou c’est folie, ou cet homme aime à s’ennuyer ! ». Puis, je suis devenue curieuse et de curiosité - mon grand défaut, je l’avoue - de curiosité, je suis revenue. Aujourd’hui, en vous retrouvant assis au même endroit, je suis montée par l’autre versant, sans ...
... déranger votre tranquillité et sans faire de bruit. De là vient que vous ne m’avez ni vu ni entendu . Enfin, tout à l’heure, vous entendant parler, je crus bon de me manifester.— Isolde, en vérité, je vous trouve exquise.— Alors, vous ne m’en voulez pas Niels ?— Moi, vous en vouloir ? êtes-vous folle !— Eh bien, je vous remercie Niels. Permettez qu’à présent je me retire. Isolde affecta un mouvement de retraite, Niels la retint. — Isolde, attendez un moment, je vous prie. Vous vous disiez curieuse à mon sujet. Ne voulez-vous pas, avant de partir, avoir pleine lumière à mon sujet ? Isolde revint sur ses pas. — Oh Niels, je n’osai vous le demander…— Vous n’osiez me le demander ? Cela était tout simple pourtant.— Cela ne se fait pas, et vous le savez bien.— Alors comment auriez-vous satisfait votre curiosité ?— J’aurai deviné, répondit Isolde d’un ton espiègle, plutôt que de vous interroger. Hélas, bien souvent, je dois dire, je me trompe en devinant…— Décidément, vous êtes tout comme il faut, Isolde, et rien ne vous manque, je vous jure. Isolde, cette fois ne se contint plus et rougit jusqu’au blanc des yeux. Cette rougeur de la jeune fille, cette innocence, cette spontanéité enfin sur le visage firent bien plus que d’enchanter le jeune homme : elle le charma. — Oh Isolde, dit-il - car il la voyait mettre ses mains sur ses joues pour cacher sa rougeur -, Isolde, seriez-vous par hasard sensible à ce compliment que je vous fais ? Seriez-vous peut-être fragile à cette vérité que je vous ...