1. InConscience


    Datte: 23/11/2018, Catégories: fh, ff, fbi, fagée, couple, amour, fsoumise, fdomine, nostalgie,

    La chaleur collante avait été balayée petit à petit par une brise automnale, les épaules dénudées se recouvraient, les écharpes des frileux apparaissaient sous les rires des téméraires encore réticents au pull. Les premières pluies d’automne nourrissaient la terre, mouillaient facétieusement les orteils attardés dans des sandales ouvertes. C’était le signal : l’hiver était proche. Et en cette froide soirée d’automne la pluie se répandait sur le parvis de l’opéra, se muait en flaques artistiques où se reflétait le bâtiment illuminé et majestueux. Des ombres s’y pressaient, l’une d’entre elles se détacha des autres et entra, le pas vif. La grande loutre couverte de pluie s’ébroua lorsqu’elle passa la porte de l’opéra. En réalité, Diane - de son vrai prénom qu’elle n’aimait guère - avait essuyé le revers de l’une de ses manches légèrement éclaboussée. Puis elle se passa nerveusement la main dans les cheveux, excitée par la perspective de sa soirée musicale. L’opéra avait eu la gentillesse, à son sens, de donner à nouveau l’intégralité d’Alexander Nevsky ainsi que la première partie de Roméo et Juliette. Elle gravit les quelques marches et patienta un peu parmi la foule élégante. Une fois de plus, elle s’amusait d’être plus grande que la moyenne des hommes. Dans le noir aux relents vieillots des toilettes féminines, elle détonnait avec son tailleur sang de boeuf et son empressement. Un employé lui demanda son billet et lui proposa de l’aide pour accéder au premier balcon. La ...
    ... loutre le fusilla du regard. — Jeune homme, pensez-vous réellement qu’il me faille de l’aide ? Une tête plus bas, ça bafouilla une justification, des excuses gênées. Elle éclata de rire et se pencha. — Cependant, je serais ravie que vous me proposiez votre bras pour nous conduire à une flûte de champagne… Et elle le dépassa, n’ayant pas besoin de constater le visage décomposé du jeune homme ; elle le savait, elle en riait. Depuis qu’elle avait les cheveux blancs, Mamie Loutre se lâchait et se permettait toutes les audaces. Avec un sourire ironique pour elle-même, elle s’aida de la rampe pour monter. Son cœur battait vite. Que de souvenirs en ce lieu ! Cela faisait plus de cinquante ans qu’elle était venue un même soir pour ces mêmes œuvres. Ses pieds de gazelle la portaient avec légèreté alors. Elle se revoyait, jeune fille toujours coiffée avec l’air de ne pas l’être, chemisier, veste de tailleur, jeans et bottines à talons, son pseudo sac à main en bandoulière entre ses seins en pommes, jouant avec son briquet, pressée de retrouver la fée nicotine… Ah, enfin le premier balcon en vue ! Son souffle était plus court, les escaliers lui paraissaient un peu plus hauts, ce qui la faisait rire. La voilà vieille ! Depuis combien d’année s’appelait-elle Mamie Loutre ? Elle se dirigea vers les grandes portes-fenêtres qui donnaient sur le parvis. Encore tant de personnes qui n’étaient pas entrées ! Autant de gens qui partageaient sa passion pour cet auteur russe qui la conduisait aussi ...
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