1. La Paillote, Pointe-Noire, RPC


    Datte: 24/11/2018, Catégories: hh, hbi, couleurs, inconnu, caférestau, nopéné,

    Il fait à peine frais ce midi sur la Côte Sauvage à Pointe-Noire ; la saison sèche touche à sa fin et l’atmosphère semble un peu plus humide. Dans quelques jours le soleil et la chaleur seront là avec aussi les orages et la pluie. C’est ce que m’avaient prédit les locaux avec qui je travaille. Aujourd’hui, je m’accorde une « pause resto » àLa Paillote, restaurant connu sur la plage de la Côte Sauvage, pour me changer les idées car arrivé en poste un mois plus tôt, je travaille comme « un Blanc » pour un Fonds Monétaire International. Depuis, je n’ai eu que peu de relations amicales avec les expatriés et les locaux – y compris à la banque – sauf peut-être avec un employé, Arthur, qui m’a pris en sympathie et m’a fait visiter Pointe-Noire. C’est une belle ville au passé français encore visible, notamment à travers l’architecture comme par exemple la gare ferroviaire qui, dit-on, ressemble à celle de Deauville. La plus grande avenue porte le nom du général de Gaulle et se situe dans un quartier assez européen. La mixité raciale est effective, et je trouve cela agréable. Je ne me voyais pas travailler avec des Congolais la journée et rentrer dans mon quartier blanc le soir. L’économie fonctionne principalement sur le pétrole (il y a de nombreuses plates-formes en mer, faciles d’exploitation car ancrées sur de hauts-fonds) mais aussi sur l’exploitation forestière. Pointe-Noire est une ville agréable, même si le régime politique militaire est omniprésent à travers la milice, la ...
    ... Sécurité Publique, et la très crainte Sécurité d’État, présentes partout sur le territoire. Les gens sont « cool » et avenants, y compris avec les Blancs. Je ne sors pas beaucoup et suis concentré sur mon job. Dans ce contexte, je m’accorde un peu de bon temps au restaurant, mais c’est à croire que je fais fuir les gens : je suis seul dans la salle, et le serveur semble s’ennuyer. Cela ne dure pas longtemps car un client entre et s’installe à une table juste en face de la mienne, et face à moi. Il est Congolais sans doute – un « clair », comme ils disent là-bas – peut-être Vili d’origine. Il est grand, svelte et finement musclé. Son regard pointé vers moi me dévisage un peu comme je le fais pour lui en ce moment. Il doit avoir environ quarante ans si mon estimation est bonne car il est difficile de deviner l’âge d’un Africain pour un non-initié comme moi. Il me fait un signe de la main, se lève, et contre toute attente vient vers moi. — Bonjour. Je suis Alban ; pardonnez mon audace, mais si nous devons déjeuner face à face, pourquoi ne pas le faire à la même table ? me dit-il. Je reste coi, mon regard toujours fixé sur son visage souriant et avenant. Il est bel homme. Je trouve quand même la parole. — Euh, oui, c’est une bonne idée. Je m’appelle Alexandre ; installez-vous.— Je suppose que l’on vous surnomme Alex ; moi, c’est souvent Al : appelez-moi Al, ce sera plus simple.— Effectivement, c’est Alex. Je préfère à Alexandre qui me rappelle trop ma mère qui voulait une fille et ...
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