Le temps du désir
Datte: 22/12/2018,
Catégories:
ff,
jeunes,
école,
amour,
init,
confession,
... je veux dire sa conscience : l’éternel conflit entre le désir et la raison ! Ça avait quand même jeté un peu de froid, entre nous. Il n’était plus question qu’on batifole de nouveau. Et, très curieusement, j’en avais plus envie. Peut-être que c’était à cause de mon éducation, au fond. Jamais, je ne me serais permis de profiter de son accès de faiblesse. J’étais presque sûre que si je le voulais vraiment, elle aurait fini par céder à mes avances. Mais en tant que fille, je me disais que si je faisais ça, alors je me comportais comme un de ces vulgaires connards de mecs qui croient que tout leur est permis. On a donc passé le reste de l’après-midi à bosser. Mais la tension entre nous était si forte qu’on a eu du mal à se concentrer. Et dans cette tension, il y avait beaucoup d’ambiguïté. Le moindre frôlement du coude ou de la main nous électrisait. Et on s’écartait vivement, comme s’il y avait danger. La mère de Cassandre est une Dame, avec un grand D ! Assez grande, quoiqu’un peu moins que sa fille, elle se tient bien droite, distante, un maintien dans la façon de tenir son cou qui lui donne ce qu’on a coutume de nommer un port de tête altier. Le chignon serré qui enferme sa chevelure d’un blond – héréditaire sans doute – facilement reconnaissable, conforte cette impression de noble sévérité. Elle est encore très belle, même si ses traits sont un peu marqués : de petites rides aux coins des yeux et aux commissures des lèvres, quelques traits inquiets qui barrent son front. La ...
... bouche semble faire la moue. J’y lis de l’amertume, une forme de désabusement plus que du dédain. Ses yeux sont bleus, eux aussi, mais plus sombres que ceux de son mari ou que ceux de Cassandre. Quant à la silhouette, elle a gardé sa légèreté élancée. Sa mise est élégante et simple : un chemisier blanc, une veste noire, et un jean classique. Rien d’ostentatoire, mais une décontraction qui adoucit son abord un peu austère et intimidant. Elle m’a saluée avec un sourire franc et a déclaré qu’elle était heureuse que Cassandre ait enfin rencontré une vraie amie. Pas de bise ! Juste une ferme poignée de main. Elle m’a aussi remerciée de l’aide que j’apportais à sa fille dans son travail scolaire. Ses manières sont prudentes, elle fait chaque chose avec une lenteur méticuleuse. Elle décline ma proposition de l’aider dans la préparation du dîner. Je suis inquiète. La politesse aimable dont elle fait preuve, me donne l’impression que je suis en train de passer un examen. Je constate que Cassandre a de nouveau repris cette componction qu’elle avait arborée en présence de son père lorsqu’il était venu à la caserne pour la récupérer. Cette forme de prudence craintive m’avait déjà mise mal à l’aise. Je n’arrive pas à saisir la manière dont les relations familiales se nouent dans cette maison. Il n’y a pas ici cette liberté de ton, de comportement que je connais avec papa. Il n’y a pas de spontanéité. Comme si l’erreur, le faux pas, la parole déplacée étaient inadmissibles. Me connaissant, ...