1. Le sourire d'Ava Gardner


    Datte: 25/12/2018, Catégories: fh, fplusag, vacances, Oral pénétratio, fdanus, confession, occasion,

    ... quatre-vingt et sa petite barbe bien taillée – et un ami de mon fils. Le diable aime se mordre la queue. Cette soirée s’annonçait donc pour le moins inhabituelle. Lorsque je sortis de mon antre embué, après un temps de préparation un tantinet excessif, j’espérai qu’Hugo n’avait pas fini par s’endormir, gagné par l’ennui, voire par mourir d’inanition. Mes craintes s’avérèrent infondées. Je le trouvai occupé à disposer, sur la table de la pièce à vivre, quelques rondelles de saucisson, une assiette de légumes crus et un ramequin d’olives vertes. — Tu n’as pas perdu de temps, dis-je en souriant. Il effectua une petite courbette théâtrale, tandis qu’il se dirigeait vers le réfrigérateur. — Bière ?— Volontiers.— Vous m’en prêterez un fond ?— Je ne partage jamais ma bière. Prends-en une, si tu veux. Je la finirai au besoin. Il nous servit et nous trinquâmes, solennels, à cette « étrange soirée » qui débutait sous les meilleurs auspices. Hugo n’eut finalement aucune difficulté à terminer sa bière. Ni moi ma seconde. Toutefois, l’alcool déliait sa langue plus vite que la mienne. Le bénéfice de l’expérience. Il entama donc le récit de son enfance atypique. Père français, diplomate ou quelque chose d’approchant. Mère anglaise, artiste-peintre. Il avait grandi aux quatre coins du monde : Tokyo, Singapour, Istanbul, Djibouti… Moi qui m’enorgueillissais d’avoir poussé mon exploration du globe jusqu’à Cracovie, lorsque j’étais étudiante, je pouvais remballer mes passeports. Ses parents ...
    ... étaient revenus vivre en France un an et demi plus tôt. Après un cursus « éclectico-chaotique » dans diverses écoles et instituts, Hugo avait engrangé pas mal de connaissances, mais aussi quelques lacunes. À tel point, qu’il s’était retrouvé en classe avec mon fils, alors qu’il aurait déjà dû entrer à la fac. Je manquai de rétorquer qu’il ne faisait pas ses… quoi, dix-neuf ?, avant de me raviser et de m’asseoir mentalement sur la couverture de l’Album des Pensées Impures. Il est des moments dans la vie où l’on trouve plus vexant qu’à d’autres de paraître plus jeune que son âge. Au milieu de ma troisième bière, je commençais quand même à me sentir un peu partir. Je rassemblai mes forces pour aller préparer le repas, avant que l’ivresse ne gagne trop de terrain. Tandis que je lançai le gaz sous la poêle pour y faire griller, toutes fenêtres ouvertes, un magret de canard, Hugo déboucha la bouteille de Bordeaux. Il nous en versa deux verres. Je savourai une gorgée et, intriguée par ce qu’il m’avait raconté de son enfance, continuai de le questionner tout en surveillant la cuisson de la viande. Comment avait-il vécu le retour au pays ? Quels projets pour l’avenir : la voie diplomatique, artistique ou une troisième voie ? La discussion se poursuivit pendant le repas, jusqu’à ce qu’Hugo prenne conscience que je le faisais parler depuis presque deux heures. Son flot verbal commença à se tarir. Je compris qu’il souhaitait que je me raconte à mon tour. Ma petite existence de quarantenaire ...
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