1. Sortilèges et manipulations


    Datte: 13/01/2019, Catégories: bizarre, campagne, amour, jalousie, policier, sorcelleri, fantastiq, amourdura,

    ... rougeur, provoquée autant par l’émoi que par la sensation d’être ridicule, envahissait son cou, frappait d’un brusque incarnat ses joues pâles et comme lessivées par le sel des chagrins. Il fallait qu’elle se reprenne absolument. Il fallait qu’elle soit à la hauteur de cette rencontre merveilleuse… de ces yeux bleus pareils aux myosotis d’un matin de printemps mais si impertinents et si volontaires et si… Plus elle y pensait, plus elle considérait le luthier, plus elle se troublait. C’était incroyable ce que cet homme pouvait provoquer de ravages en présence d’une honnête femme. Mais l’était-elle encore ? Ah, si elle avait eu quelques années de moins et si… Elle poussa un cri rauque entre sifflement et désolation absolue, respira profondément, mit sa main sur son cœur sous l’œil amusé de Louis et tamponna à nouveau ses yeux embués en toussotant contre son mouchoir pour se donner une contenance. Enfin, reprenant sa plume un instant délaissée, elle réussit à articuler : — Vous désirez ? Louis sourit largement et d’une voix quelque peu solennelle, il annonça : — Je voudrais faire publier les bans de mon mariage.— Vous dites ?— Je souhaite que Monsieur le Maire m’unisse à Mademoiselle Dupuy le samedi 22 septembre à 15 Heures.— Dieu du Ciel ! s’exclama la vieille dame en lâchant sa plume sergent-major sur le registre.— Ce n’est pourtant pas mon nom ! répondit le luthier en riant.— Excusez-moi, je voulais dire… quelle surprise !— J’en conviens, madame, j’en conviens. Pourriez-vous ...
    ... noter néanmoins cet événement dans vos registres ?— Je veux bien, monsieur, mais il me faudrait auparavant votre état-civil. Nous avons ici celui de Claire Dupuy, mais vous devrez demander le vôtre à Paris.— Et pourquoi donc ? Vous trouverez sans peine le mien dans vos dossiers. Bergheaud ne devrait pas être un nom inconnu. La secrétaire ouvrit des yeux encore plus immenses. Elle saisit à nouveau son mouchoir brodé et le porta nerveusement à ses lèvres. — Vous êtes parent de la famille Bergheaud ? Mais vous disiez vous appeler Lafargue…— C’était le nom de mes grands-parents maternels. Vous pouvez vérifier : je suis né le 14 mai 1900 à trois heures du matin, de Bertrand Bergheaud et Marie née Lafargue. La vieille dame prit une goulée d’air avant de s’emparer du dossier 1900. Tout correspondait. Tremblante, elle reposa le cahier puis, rajustant ses lunettes qui avaient glissé, elle risqua : — Avez-vous contacté un notaire pour un contrat ?— Vous pensez bien que oui et c’est la raison pour laquelle je suis venu vous voir après avoir posé ces premiers jalons. Le contrat définitif sera clôturé d’ici au 15 août, ce qui nous laissera un peu plus d’un mois pour préparer la cérémonie. Comme ma fiancée et moi-même avons peu de famille à réunir, la noce ne sera pas très fastidieuse à organiser. Un repas avec une quinzaine de convives tout au plus ne nécessite pas de grands déballages. Simone Dupain avala sa salive. Elle ne pourrait opposer aucune objection puisque le luthier avait tout ...
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