Sortilèges et manipulations - Histoires de Sexe

Sortilèges et manipulations

... prévu. Ne restait plus que l’option d’une décision municipale, qui, elle l’espérait vaguement sans toutefois en être persuadée, refuserait de cautionner ce scandale, car c’en était un. Le fils d’un séduisant coureur de jupons avec la fille d’une sorcière, sorcière amante secrète du dit coureur… Voilà qui promettait de faire des gorges chaudes et de secouer toute la région de Saint-Amant. Nul doute que si M. Legrand apprenait une telle chose, il refuserait de célébrer une telle union. Aussi, sans se presser, elle ouvrit l’agenda municipal et survolant la première page de septembre, elle déclara : — Je vais regarder si Monsieur le Maire peut se libérer ce samedi-là. Vous n’ignorez pas qu’il aura de nombreux évènements à présider au mois de septembre.— Allons donc, rien que d’ordinaire. La foire d’automne, le bal de la Saint Roland, le repas des anciens, les rencontres musicales…— Et les marchés aux chevaux, aux bestiaux… Sans compter la fête de la fourme.— Tout ça n’aura pas lieu le 22 septembre, non ? M. le Maire trouvera bien un petit quart d’heure dans son emploi du temps pour nous marier, Mademoiselle Dupuy et moi-même, j’en suis sûr. Un haut-le-corps saisit la secrétaire. — Un quart-d’heure ? Le mariage est une œuvre sérieuse, monsieur, pas une plaisanterie.— Je suis d’accord. Mais sachant que les deux futurs époux ont mûrement réfléchi leur engagement, il n’est pas nécessaire d’allonger une cérémonie par des articles dont ils sauront faire un usage plus que joyeux ...

... quelques heures plus tard. Encore une fois, Simone Dupain sursauta et fixa le luthier d’un air si ulcéré que ce dernier éclata de rire. — Ah, ma brave Simone, il est vrai que vous avez sans doute oublié depuis longtemps les délices de la nuit de noce. Mais s’il vous plaît, en souvenir de feu votre Albert, permettez à deux amoureux de s’unir aussi tendrement et sereinement que vous le fîtes. Et je me permettrai alors d’inciter M. le Maire à vous installer la TSF. Simone Dupain, sous le coup de la surprise car une telle promesse coïncidait avec ses rêves les plus fous, en oublia de respirer un instant. Et comme dans un rêve, elle murmura d’une voix blanche : — Vous feriez ça ? Le luthier avait touché le point sensible. Il le savait et sourit largement à la vieille dame. — Je vous le promets. Et je pourrai même vous avoir un prix de complaisance. J’ai quelques amis luthiers dans les Vosges, à Mirecourt, qui se sont lancés il y a trois ans dans la fabrication de postes TSF et qui seront ravis de faire connaître leur travail en pays forézien.— Vous voulez parler des postes Stradivox ? Oh là là, mais c’est exactement le genre de poste que je voudrais… Et vraiment vous pourriez me le faire venir de là-bas ?— Sans aucun problème. Et pour sceller l’entente tacite, il lui adressa une œillade qui fit rougir la vieille secrétaire qui ne put s’empêcher de bredouiller : — Vous devez être très amoureux de la petite pour oser me pervertir de cette façon.— Pervertir est un bien grand mot. Disons ...