Papa, maman, la bonne, Vincent, François, Paul, les autres et moi (1)
Datte: 19/01/2019,
Catégories:
Divers,
... bar. — Je ne suis pas ta mère, espèce d’idiot ; je suis juste une fille qui s’inquiète trop pour toi. — Excuse-moi, Cécile. Quand je suis dans cet état, je deviens méchant. Laisse-moi crever dans mon coin. Sans répondre, ma jolie voisine (vous ai-je dit qu’elle est jolie, ma voisine ? Ben oui, elle est canon) ouvre ma porte et vient me soutenir. J’arrive à marcher tout seul, mais j’accepte son aide sans rouspéter. Elle sent bon, pas comme moi sûrement. Alcool, sueur, vomi, bonjour la classe. Elle ne me fait aucune remarque, bien sûr. Elle est trop bien élevée pour ça. — Je t’aide, mais tu vas prendre une bonne douche tout de suite, et te laver les dents aussi. Tu as une haleine de chacal. Trop bien élevée, tu parles ! Pourtant, je lui en sais gré (un tas de grès, même) d’être honnête. Elle a des couilles, cette souris. — Tu as du cran, petite Samaritaine. Tu ne fuis pas devant le désastre ambulant que je suis. — Mon père est mort d’une cirrhose, à quarante-trois ans. C’était il y a cinq ans, mais je m’en veux encore de n’avoir pas pu l’aider, de l’avoir vu se détruire jour après jour depuis le décès de maman. — Je suis désolé, Cécile. Tu as l’air d’être une chic fille, alors un conseil : n’essaie pas d’aider un poivrot comme moi. — C’est mon problème, ça. Je suis majeure et vaccinée, et libre de faire mes choix. Je vais t’aider si tu acceptes d’y mettre du tien. Si tu fais un effort, rien que ce soir. Demain... demain on verra. Je n’ai pas répondu ; j’aurais pu la repousser, ...
... m’enfermer à double tour avec mes trois amis qui me veulent du bien, Black, White et Smirnoff... Mais cette fille obstinée vient de réveiller un sentiment que je croyais disparu à jamais, un sentiment qui trouve un faible écho dans un recoin de mon cerveau embrumé. L’espoir. Alors je me glisse sous l’eau brûlante de ma douche et me savonne longuement, puis je me rince à l’eau froide. Putain qu’elle est froide, cette eau froide ! On a pas idée ! Mais ça me sort un peu du brouillard. Lavage de dents, bain de bouche tout en me scrutant dans le miroir. Yeux injectés de sang, teint blafard et joues mal rasées, je ressemble un peu à un zombie. Le type qui prenait soin de lui est là-dessous, quelque part. Six mois que Manu est partie, six mois de bitures sévères, de destruction massive. De glissade vers le néant. L’enfer, je connais, c’est mon quotidien depuis que ma femme m’a quitté pour mon meilleur ami. Enfin, mon ex meilleur ami ; je suis con mais pas à ce point. Je secoue la tête, essayant par ce geste de chasser les miasmes du passé. — Cécile ? Heu... Je suis là... Dans la cuisine, je trouve une assiette avec trois oeufs au plat et une tomate coupée en tranches fines. Mais pas de Cécile. Mon torse se dégonfle, elle est partie. Je n’ai rien compris, comme d’habitude. Une pulsion familière et puissante me traverse le cerveau : vite, un verre ! Ou à la bouteille direct, pour pas salir. Je résiste comme je peux, je ne sais pas trop pourquoi. En général je ne fais pas de manières ...