Belladone, aux vénéneuses séductions ! - Histoires de Sexe

Belladone, aux vénéneuses séductions !

... — Tu n’en sais pas davantage ?— Je ne me souviens de rien d’autre pour le moment. Voilà qui signifie que, dans l’immédiat, elle se taira. Plutôt que d’insister, il change d’angle d’attaque. — Toi, quelle relation entretenais-tu avec elle ? Elle s’esclaffe. — Si tu veux le savoir, oui, on a couché ensemble. Sans qu’il ne l’y pousse, elle se lance dans un interminable récit. — En haut, vous avez couché ?— Je vois que Monsieur prise les histoires graveleuses et qu’il faut lui mettre les points sur les « i » ! Non, on a enfilé des perles ! Elle a jeté ça avec dédain avant de poursuivre : — Êtes-vous satisfait de ce descriptif, ou faut-il que je reprenne et développe tel ou tel épisode ? Notez que j’ai détaillé tout cela non dans le but de vous complaire, mais dans celui de me le remémorer, de raviver mon amour et mon aversion. Au fil du récit, ses yeux ont tantôt brillé d’une haine difficilement contenue, tantôt reflété les plus doux sentiments. — On dirait, Monsieur, que mon histoire ne vous laisse pas de marbre ? Vive comme l’éclair, elle plonge une main sous la table et la porte à la braguette de Lescroq. — Eh oui : il bande, ce cochon, et j’aimerais savoir laquelle attise cette érection ? Va, inutile de me répondre, achève-t-elle, la voix pleine de regrets. Lescroq vient, coup sur coup, de vivre deux équipées de la vie de la chaste Marie-France, convergentes sur le fond bien que relatées dans des langues fort différentes, et il déplore de ne l’avoir rencontrée que sur le ...

... plateau d’une morgue. Les petits verres de kirsch vides se sont multipliés devant eux, ponctuant la longue histoire. Les vapeurs d’alcool n’expliquent cependant pas à elles seules le vertige qui le fait tanguer. Gégé maintenant le fascine. Au cours de sa narration, un emportement exalté l’a progressivement métamorphosée, et l’originelle et falote créature a révélé une conteuse très éloquente, épanchant les sentiments les plus vifs, quelque chose de farouche et de fatal. Ses yeux crachent des flammes et l’évocation de ces dépravations semble, elle aussi, l’étourdir. Afin de rompre avec l’ambiance que son discours a créée, il veut, un instant, détourner la conversation : — Je suis étonné ; où as-tu appris à t’exprimer de cette façon ?— Ah, je vois que Monsieur pense que la vulgarité colle aux putes comme… comme la suie au charbonnier. D’abord, je n’ai adopté l’état de morue que depuis peu, et quand je cause en français, je retourne à ma vie antérieure, celle où j’aimais lire et même écrire quelquefois. Et encore aujourd’hui, il m’arrive de griffonner des poèmes. Une traînée lesbienne et poète, tout à fait Sapho ; ça te la coupe non ! Souhaites-tu entendre l’un de mes sonnets ? Lescroq voudrait bien ne pas s’égarer, et si Géraldine parle plaisamment, il doute néanmoins de sa verve poétique. Sans lui laisser le temps d’une réponse, elle poursuit : — Dans mes veilles moroses, je compose en ma tête bien des choses qui peignent l’avenir en rose, et cette hypnose qui juxtapose des maux ...