1. Jeux de miroirs


    Datte: 13/02/2019, Catégories: sf, fantastiqu, merveilleu, fantastiq, merveille,

    ... éveillée dans la maison, malgré que le phénomène éclaire comme le plein soleil. Santos, qui a pourtant le sommeil si léger, continuait à dormir et personne non plus ne montait du village pour s’enquérir des causes de cette illumination. Je n’éprouvais nulle crainte. J’ai franchi la porte de lumière comme si c’était là la chose la plus naturelle au monde. De l’autre côté, vous m’attendiez… Je suis retournée par la suite de nombreuses fois « de l’autre côté » mais toujours à mon retour, le souvenir s’en effaçait de ma mémoire. Je regarde Santos et Lourdès. Les Brésiliens continuent de fixer le vide, si inconscients d’une présence étrangère que c’en est presque surréaliste. Quand je tourne à nouveau la tête, je ne vois plus la femme, elle est là pourtant, Manuel et Marie-José parlent avec elle mais rien à faire : mon cerveau, à ce qu’il semble, censure avec une obstination digne d’une meilleure cause, les informations en provenance de mes yeux. Subitement, elle est là à nouveau, et j’entends à nouveau, mais partiellement, ce qu’elle dit : — Vous ne devez jamais arriver aux États-Unis. Pieyre a fait ce qu’il faut pour cela. [des paroles perdues] … regrettable accident … Dans les Territoires, nous vous protègerons [encore une période de silence] … empêcher Pieyre d’atteindre Point Zéro. Les conséquences en seraient … … Des voix résonnent dans le couloir. Les deux Brésiliens se dressent vivement comme des écoliers pris en faute. Un homme costaud, sanguin est entré. Je ne l’ai ...
    ... jamais vu mais je sais qui il est : Pieyre, oncle Pieyre. Il ne prête pas la moindre attention à Santos et Lourdès, vient se planter devant les enfants : — Où est-elle ? Ils le fixent avec candeur : — Qui donc, oncle Pieyre ?— Cette femme… je sais qu’elle vous a raconté des horreurs sur mon compte. Je sais qu’elle est ici. Je la sens. Où est-elle ? Il me toise avec suspicion, comme supputant la possibilité qu’elle cherche à se cacher sous mon apparence. Il reprend, un ton plus bas : — Je suis venu aussi vite que j’ai pu… pour vous sauver. Cette femme, c’est le diable. Elle vous aura certainement raconté que j’ai tué votre père, que je nourrissais je ne sais quels projets à l’égard des Territoires. C’est faux, tout est faux… Votre père et moi, nous n’avons pas toujours été d’accord, c’est un fait, je ne nierai pas que nous ne nous adressions même plus la parole, mais de là à laisser ses enfants exposés au danger… Il se tait, lisant dans les deux regards braqués sur sa personne une claire incrédulité. Il s’emporte violemment : — Croyez ce que vous voudrez… Qu’en ai-je à faire ? Mais ne croyez pas que je vous laisserai vous mettre en travers de ma route… Il se tait subitement et cille. Je me retourne : les deux enfants ont disparu. Et nul, jamais, ne revit Manuel et Marie-José. Marie-José, ma princesse, mon amour, dans quel ailleurs, paradis ou enfer… ? Je ne peux me retenir de m’interroger. L’horreur des temps que nous vivons est-elle le reflet de ce qui se passe de l’autre côté du ...