1. Jeux de miroirs


    Datte: 13/02/2019, Catégories: sf, fantastiqu, merveilleu, fantastiq, merveille,

    ... où, je ne sais pas. Un célèbre acteur d’avant-guerre dont j’ai oublié le nom l’a léguée à Jacques en mourant. Mais je connais quelqu’un à Port-Blanc qui pourra sûrement t’en dire plus… » Fin de la piste algéroise et retour donc vers le Nord à travers la France occupée. C’est peu dire que la guerre complique tout. Dans deux jours je tournerai la page de mes vingt ans. Fichu moment avoir vingt ans… Fichu moment pour rechercher un père inconnu. Fichu moment pour n’importe quoi, d’ailleurs… À Paris. Je soigne ma tripe en débandade. Quant à savoir si le soulagement sera durable… Le premier juin, Port Blanc. Je dors à même le sol sous un porche. Il pleut, il pleut comme il ne peut pleuvoir qu’en Bretagne. Je me suis rendu à l’adresse fournie par Chapuis, chez un ancien employé de Roll. Porte close, absent depuis des mois. Mort, en fuite ou va savoir. La guerre… En traînant dans les cafés, j’ai entendu parler d’un certain Santos. Un brésilien qui travaille pour Roll. L’île de Groix, c’est là que Roll possède une maison. Je vais essayer de rencontrer ce Santos. Il vient chaque semaine à Port Blanc pour acheter des provisions. Mon dernier espoir. 2 juin Le jour se lève, je tremble de fièvre, le pavé danse sous mes pieds. À nouveau la java des boyaux en délire, le tango du grand colon. Précairement protégé de la pluie par une avancée de toit, j’occupe l’attente en pensant à cet inconnu, mon père, Jacques Roll : mage ou habile illusionniste ? Collectionneur d’objets anciens, ...
    ... musicien, doué d’une culture encyclopédique, navigateur et grand voyageur, auteur de nombreux livres traitant du paranormal. Avant la guerre il était la coqueluche du tout Paris, l’astrologue à la mode. Dès le début de la guerre, il s’est fendu de quelques déclarations aux résonnances violemment anarchistes qui ont soulevé bien des remous dans le climat de l’époque : « Cette guerre n’est pas ma guerre. Je me situe face à elle comme un zoologiste qui observe l’affrontement de troupes de babouins… » J’ai souri en lisant cette phrase. Quoi que je pense de cet homme qui a abandonné ma mère, il me plaît par ce côté « fort en gueule ». Roll possédait assez de notoriété pour que de nombreux journaux reprennent ses déclarations quand il annonça à la fin de 1939 qu’il mettait « toutes les forces invisibles » au service de l’Allemagne, saluant en Hitler le « messie de l’Occident ». À défaut de profiter de ses pouvoirs magiques, les nazis l’avaient utilisé, un temps, pour leur propagande avant qu’il ne leur fausse compagnie. Il avait décidé entre temps qu’il n’aimait pas monsieur Hitler, l’avait proclamé haut et fort. Donc, je cherche Jacques Roll. Les allemands le cherchent aussi pour d’autres raisons, à supposer qu’il puisse exister encore une once de raison dans la nation allemande. Les Alliés cherchent Roll. Eux souhaitent le juger – trahison, intelligence avec l’ennemi, je ne sais quel est le terme exact, ce qu’il y a de sûr c’est que le peloton d’exécution est au bout du procès. Tout le ...
«1234...14»