Réconfort & vieilles dentelles VIII. La femme de l'aéroport (1)
Datte: 16/08/2017,
Catégories:
Hétéro
... inaccessibles, qui étaient en couple. Comme cette jolie petite blonde, tiens. Dommage qu’elle n’ait aucun regard pour moi, et qu’elle soit toujours main dans la main avec son vieux crouton de mari. Vieux mais amoureux. C’était bien quand même. J’étais attendri. Là je suis en train de vous parler de la petite semaine que je m’étais octroyée en Crête. A rienfoutre. Mais je me reposais. Tellement crevé que je m’endormais parfois au bord de la piscine. Que j’allais faire la sieste souvent dans ma chambre. Il me manquait juste ma femme à mon réveil – ou mon amie que je n’avais pas emmenée – pour une sieste crapuleuse. On ne peut pas tout avoir. La semaine s’était écoulée. Je n’avais pas fait grand-chose. Deux ballades sur des iles grecques. Un peu de photo. Il avait fait si beau, chaud, lumineux. Ce que ça fait du bien un ciel tout le temps bleu. Alors qu’en région parisienne le temps était pourri depuis deux mois, gris, de la pluie tout le temps. J’étais un privilégié. J’étais dans la salle d’embarquement de l’aéroport. C’est toujours marrant ces retours. On retrouve des visages connus. Connus parce qu’on les a juste vus quelques minutes, au maximum deux-trois heures dans l’avion à l’allée. On ne les a pas vus pendant une semaine parce que s’ils ont pris le même avion, ont débarqué dans le même aéroport, ils sont montés dans un autre autocar qui les a amenés dans un autre village-club à quelques dizaines de kilomètres du sien. On les retrouve tous bronzés. Ils ont fait autre ...
... chose, vécu autre chose. Mais finalement pas grand-chose de différent : ils ont eu une chambre comme moi, ont fait les mêmes quelques excursions à la con pour touristes passifs et un peu gogos, ont fait trempette dans la même mer, se sont écorchés les pieds sur les mêmes cailloux, se sont posés tous les jours autour d’une piscine assez semblable à la mienne. Et les revoilà. Contents de rentrer chez eux quand même. Il y a les mêmes jeunes couples avec leur bébé qui va brailler pendant tout le vol. Le même trio de jeunes mecs remuants qui vont se vanter de leurs exploits, peut-être même raconter avec force détails les meufs « qu’ils se sont tirées en soirée. » Et tiens, il y a cette femme au visage de couteau qui discute avec deux jeunes filles. Elle était assise à l’allée dans la rangée derrière moi, de l’autre côté du couloir ; si bien que chaque fois que je me retournais pour regarder machinalement dans la direction du bébé qui beuglait, je croisais son regard. Elle avait des mimiques vaguement dégoûtées. Si bien qu’au début, je croyais qu’elle me faisait des signes, me montrant qu’elle était écœurée et lassée d’entendre ces pleurs. Après, j’ai fini par comprendre que ça devait une sorte de tic. Son visage avait comme un masque blasé et un peu snob. Difficile de lui donner un âge. Au moins soixante-cinq ans. Mais pas beaucoup plus. De longs cheveux blonds en une coupe soignée, un peu années quatre-vingt. Grande, mince, élancée, assez classe finalement. Je ne me serais pas vu ...