1. Médecin dans une prison de femmes (IV)


    Datte: 07/03/2019, Catégories: fh, médical, fépilée, Oral

    ... vertige qui vous étourdit quand le corps désire et que la raison s’y oppose, l’espace trouble qui les sépare comme un mælström fascinant. L’idée de publier une confession, même romancée, me fait frémir. Confession ! Encore la faute, avouer, juger, punir. Avant d’être jugé, j’aimerais aimer et être aimé. Aussi c’est plutôt sous la forme d’un rapport d’autopsie que je livrerais le récit de ma vie sentimentale. Dans le froid métallique de la salle de dissection, comme à la fac, le jour où j’ai découpé le cadavre d’un Asiatique avec une étiquette nouée au gros orteil, je m’en souviens encore, un drôle de nom : Nick Hô, déficiences cérébrales, les neurones en bouillie. Faire l’autopsie de ma vie ! Le néant dans des bocaux, le thorax évidé, ouvert sur des échecs, la boîte crânienne trépanée d’où s’échappent des fluides glauques. On frappe à la porte, je sursaute et renverse ma tasse de café froid. Machinalement je regarde ma montre : 01:30 s’affiche en chiffres bleutés. Je vais ouvrir la porte, car, en prison, on ne crie pas « Entrez ! ». Une gardienne se tient devant moi, dans son uniforme bleu, pantalon de tergal, pull ras du cou avec bandeau « Administration Pénitentiaire » et épaulettes de toile incrustées à la manière des commandos britanniques, chemise bleue en coton, grosses chaussures en cuir noir à lacets et semelles de crêpe, elle porte deux tasses de café fumant : — Bonsoir Docteur, je vous dérange pas, me dit-elle en chuchotant comme si le sommeil de son petit en ...
    ... dépendait.— Non, Madame, entrez, je vous en prie.— Merci Docteur, murmure-t-elle en pénétrant dans mon cabinet, je n’en ai pas pour longtemps, je vous ai apporté un café, j’ai pensé que ça vous ferait plaisir, la nuit est longue, hein ?— Merci bien, c’est vraiment gentil de votre part, j’apprécie, lui dis-je en prenant la tasse qu’elle me tend. Je laisse le silence s’installer, car, par expérience professionnelle, je sais qu’il faut du temps à la parole pour se faire. Elle tourne la tête à droite et à gauche, faisant semblant de s’intéresser silencieusement à mon univers, se dandine d’un pied sur l’autre, soupire, boit son café à petites lampées, je l’accompagne, puis comme je m’y attendais, elle s’adresse à moi : — Ben… voilà Docteur, je suis un peu embêtée, je ne voudrais pas vous déranger, me déclare-t-elle. Je l’encourage du regard et lui souris — Il y a une semaine, en prenant ma douche, j’ai remarqué un bouton sur mon sein, un bouton dur. Alors depuis, ça me travaille, je me demande si c’est pas… enfin pas… plus grave quoi ! Alors, j’aimerais vous demander votre avis.— Vous voulez mon avis ou mon diagnostic ? lui dis-je.— Ben ! Je ne sais pas, vous êtes un Docteur… je voudrais savoir quoi faire.— Je veux bien vous ausculter, si vous en êtes d’accord.— Ici ? Maintenant ? s’exclame-t-elle.— Pourquoi pas ! Si vous êtes disponible.— Bon ! Ben… d’accord, répond-elle.— Déshabillez-vous et allez vous installer sur la table.— J’enlève tout ?— Non ! Juste le haut et votre ...