1. Natasha & Franck (17)


    Datte: 16/03/2019, Catégories: Transexuels

    ... bon appétit… ou très soif ! En ce début de fête, les discussions étaient hachées, tout le monde cherchant à parler à tout le monde. Plus tard, il aurait plus de temps pour approfondir les échanges. Au milieu du brouhaha des invités, il laissa filer ses pensées, telles les chèvres du père de Fabrice s’évadant lorsqu’elles trouvent une faille dans la clôture. Étaient-ce les prémices d’une cuite ? Il pensa que la sono assenait tout à coup une musique plus violente, le curseur de volume poussé au maximum. Les convives se retournaient, se demandant ce qu’il se passait. Puis il s’élança dans les airs, surplombant la foule incrédule. Alors, porté par les envolées d’accords saturés de guitares, il lévitait, se soulevait de plus en plus haut. À l’apogée de la musique, des éclairs fulgurants jaillissaient de ses poings, décharges libératrices nettoyant la surface de la Terre de cette population dont les goûts en matière de musique tenaient plus de l’égout que de l’art. Puis il redescendit lentement vers le sol, suivant le decrescendo de la musique. Quelques survivants s’échappaient, hurlant de peur. Il revint sur terre. Des enfants couraient entre les invités assemblés en petits groupes, criant lorsqu’ils sentaient que leur poursuivant était sur le point de les rattraper. Il but une longue gorgée. Elle était devant lui. ─ Tristan, je te présente ma cousine, Jessie-Line. ─ Enchanté... Elle avait toujours son sourire narquois. Il finit son verre d’un seul trait et s’en servit un autre, ...
    ... bien tassé. Elle le remarqua, émit un léger sifflement admiratif. Il n’aurait su dire si cet enthousiasme était feint ou réel. ─ Quelle dose! Un chagrin à noyer, peut-être ? ─ Je n’espère pas. Une si ravissante cousine ne saurait pousser un admirateur à la noyade… Il rougit ; elle rougit. Au moins se retrouvaient-ils à égalité sur ce plan-là. Puis elle eut un de ces petits rires cristallins qui fend le cœur sans crier gare, avec l’adresse d’un pickpocket exerçant depuis plus de vingt ans. Finalement, le premier contact s’était bien passé. Ils sympathisèrent, discutant toute la soirée. Ils échangèrent leur adresse et se promirent de se revoir. Cette rencontre lui laissait cependant une étrange impression : elle avait joué au chat et à la souris avec lui, et il avait la désagréable sensation d’être la souris. Et le chat semblait avoir les griffes bien acérées. Bien sûr, elle lui avait laissé l’espoir d’une prochaine rencontre ; toutefois, elle avait soufflé le chaud et le froid avec une constance à en rendre un métronome jaloux. Mais il pouvait encore espérer... Tristan envoya des lettres auxquelles Jessie-Line ne répondit jamais. Ils eurent l’occasion de se croiser une fois ou deux, mais il avait la nette impression qu’elle le menait en bateau. Et le bateau avait la taille d’un paquebot. Plus le temps passait, plus il s’enfonçait ; et plus il s’enfonçait, moins il réagissait intelligemment. Il aurait mieux fait de laisser tomber, mais il persistait. En fait, elle se moquait ...
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