1. Les fantasmes d'un timide


    Datte: 18/03/2019, Catégories: fh, inconnu, train, cérébral, amourcach,

    ... lamentations. Mon mari m’a quittée pour aller vivre avec sa secrétaire. Maintenant, je suis seule, et je ne supporte pas la solitude. Voilà, c’est tout bête, mais une séparation c’est dur à vivre, et cela fait déjà du bien d’en parler. Vous êtes gentil de m’écouter avec patience.— Ne vous inquiétez pas : je suis sûr que bientôt vous allez retrouver quelqu’un qui soit fidèle et avec lequel vous serez heureuse.— Non, je ne crois pas. Je vais finir ma vie seule et abandonnée. Personne ne voudra de moi. L’homme la prend tendrement dans ses bras. Elle finit par se calmer, puis, dégageant sa tête, elle lui sourit et le héros lui rend son sourire. — Vous descendez à quelle gare, lui demande-t-il ?— À Nice. Ensuite, je rentre chez moi à pied, j’en ai pour une demi-heure.— Moi aussi, je descends là. Si vous voulez, je peux vous accompagner. Pour une femme jolie comme vous, ce serait dangereux de marcher seule dans la nuit. Des zombies pourraient en profiter pour vous attaquer.— Ah, bon ! Des zombies, comme dans le film où ils sortent de leur tombe à cause des explosions nucléaires, avec cette actrice suisse qui promène ses fesses nues du début à la fin ? Comment s’appelle-t-elle déjà ? Il est parvenu à lui arracher un sourire. — Vraiment, reprend-elle, vous me trouvez jolie ? Dans ce cas, j’accepte votre proposition. Une fois qu’ils sont arrivés à destination, la voyageuse lui propose d’entrer chez elle pour prendre un verre. — Je ne ...
    ... veux pas que tu te méprennes sur moi, dit doucement la femme. Je ne manipule pas quotidiennement des milliards à la bourse : je n’ai même pas assez d’argent pour m’acheter une voiture. Je ne suis pas non plus une actrice célèbre. Je suis même remplie de défauts, autant moralement que physiquement.— C’est justement tout cela qui m’attire en toi. Cette fois, il trouva le fantasme acceptable. Un peu à l’eau de rose, certes, mais pas invraisemblable. Pourquoi celle qu’il venait de consoler ne lui offrirait-elle pas son corps comme récompense ? Et même un peu plus, comme sa vie entière. Comme le jour se levait, il se décida à quitter son lit, prit une douche, s’habilla et descendit au café qui jouxtait son hôtel pour y prendre un petit déjeuner. Puis il se rendit à son entretien, y bredouilla sans trop d’illusions les phrases convenues, avant de retourner à la gare afin de rentrer chez lui. Le panneau d’affichage annonçait une heure de retard. Il décida de patienter à la buvette. Dès qu’il fut assis, il reconnut immédiatement, attablée à côté de lui, la femme qu’il avait rencontrée deux nuits plus tôt. Discrètement, elle pleurait, seule devant son verre. — Tiens, c’est vous ? Vous auriez un mouchoir par hasard ? lui demanda-t-elle.— Tenez.— Merci. Une séparation, c’est dur à vivre, vous savez.— Il faut que j’y aille. Bon courage.— À vous aussi, bon courage, dit-elle en souriant derrière ses larmes. Ils ne se revirent plus jamais. 
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