1. La nouvelle année


    Datte: 30/03/2019, Catégories: nonéro, portrait,

    Ils étaient quatre garçons… Quatre copains inséparables profitant de leurs jeunes années en s’amusant beaucoup et en refaisant le monde à l’occasion, autour d’une table ou d’un feu de camp. À jeun dans la journée, mais souvent éméchés le samedi soir et parfois fin saouls en fin de nuit, tout leur était prétexte à se retrouver pour se distraire et discourir. Jacques, l’intellectuel, grand amoureux des utopies les plus folles qu’il prenait néanmoins très au sérieux, lançait des idées comme on lance des balles, juste pour les voir rebondir dans toutes les directions possibles. Hervé ne vivait que pour les filles. Séducteur impénitent, il les collectionnait. Faut dire qu’il était plutôt joli garçon et qu’il n’avait pas beaucoup d’efforts à faire pour les cueillir. Il s’enflammait comme une brindille sèche en plein mois d’août et se consumait tout aussi vite. Heureusement, il n’était jamais à court de combustible. L’élue du jour, la reine du moment, ne vivait près de lui le plus souvent que le temps d’une rose, l’espace d’un matin. Mais le plaisir qu’il prenait à goûter son parfum n’était jamais feint. Hélas, il ne savait pas rompre. Aussi ses aventures se terminaient-elles toujours assez mal. Fabrice, petit et rondouillard, trimballait dans les poches profondes de son jean bien trop large, un optimisme à toute épreuve. Il adorait faire enrager Jacques dont le sérieux l’amusait particulièrement. Excellent boute-en-train, il alimentait par sa bonne humeur les réunions de la bande ...
    ... car il voyait toujours le côté sympathique et rigolo des choses et des gens. Il était de ce fait impossible d’étaler devant lui la moindre contrariété, sans qu’il s’empresse aussitôt de la tourner en dérision. Combien de baffes amicales sa nuque avait-elle amorti ? Nul ne saurait le dire tant il en avait reçues. D’ailleurs, chaque fois qu’il intervenait dans une discussion, il rentrait souvent le cou dans les épaules dans la perspective de la gifle qui ne manquerait pas d’atteindre son occiput. Seul Jacques pressentait, derrière cette attitude désinvolte de Fabrice, un grand manque de confiance en lui. Mathieu, costaud et bien bâti, parlait peu. Il écoutait par contre très attentivement ses camarades, sans qu’il soit possible de savoir ce qu’il pensait. Il réagissait rarement, sauf lorsqu’il se trouvait directement concerné. Dans ce cas, ses réponses se limitaient à quelques onomatopées, genre « oui » ou « non » et personne ne parvenait à en tirer davantage. Si l’on insistait, il grognait ou tournait les talons et la question posée demeurait le plus souvent sans réponse. Mais une chose était sûre, il aimait ses potes, cela ne faisait aucun doute. Il s’inquiétait ainsi d’une absence prolongée ou compatissait aux peines et aux malheurs de ses amis, à sa façon plutôt bourrue mais sincère. Ce qui ne manquait jamais de faire rigoler Fabrice, qui seul pouvait se permettre de le chambrer. Mathieu aimait les voitures, entretenant la sienne, méticuleusement. Il se méfiait des filles, ...
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