1. La nouvelle année


    Datte: 30/03/2019, Catégories: nonéro, portrait,

    ... !— C’est vrai, quoi, Jacques ! Fabrice à raison poursuivit Hervé. C’est une idée à la con ! Moi, j’aime bien la vie qu’on mène tous les quatre. Je n’ai pas du tout l’impression de m’endormir.— Bon, dit Jacques. Je parlais, c’est tout. Une fois de plus. Ça ne va pas plus loin. J’exprimais un sentiment que je ressens parfois et de plus en plus. Si je vous emmerde, oublions ça ! C’est la vie qui, en fait, prit le relais de la proposition de Jacques. Le groupe se dispersa, sans l’avoir décidé, comme il est fréquent lorsque les années passent, et que chacun s’en va de son côté. Devenu professeur de philosophie, Jacques fut nommé dans un lycée du nord de la France. Hervé, employé de banque, visita également du pays, au gré de ses mutations successives. Mathieu, représentant chez Citroën, resta dans les voitures et Fabrice se fit embaucher par un artisan, spécialisé dans les entretiens et les créations de jardins. Ce fut le seul qui resta dans sa région d’origine. Ils se rencontraient de temps en temps, mais jamais ensemble. Pris par leur métier et pour trois d’entre eux par leur famille, l’amitié d’autrefois se dilua dans les méandres du temps. C’est Mathieu, sans doute le plus nostalgique, qui lança l’invitation. Il proposa aux trois autres de fêter le nouvel an chez lui, à Beauvais. Il les prévint longtemps à l’avance afin de permettre à chacun de s’organiser pour assister au rendez-vous. C’est ainsi qu’ils se retrouvèrent, vingt ans plus tard, un 31 décembre, chez Mathieu. La ...
    ... journée fut agréable, comme on pouvait l’imaginer. Un peu gênés en arrivant, car le groupe s’était agrandi des épouses et des enfants, tout se déroula ensuite dans la bonne humeur. Le soir, les enfants couchés, les quatre amis, repus et passablement éméchés, se retrouvèrent à fumer dehors, malgré le froid, autour des cendres du barbecue. Le champagne continuait de couler à flots. — Si j’avais su dans le temps, qu’un seul d’entre nous resterait célibataire et si j’avais dû parier sur un nom, je pense que c’est toi que j’aurais choisi, Mathieu, dit Fabrice. Les filles, c’était pas trop ton truc…— Pas forcément, répondit Hervé. Mathieu est solide et il s’est trouvé une femme solide. Normal !— Pas comme toi ! répondit Fabrice.— Comment ça, pas comme moi ? Moi, j’ai épousé celle qui m’a dit non, voilà !— Que veux-tu dire ? demanda Jacques— Quand j’y repense aujourd’hui, c’était logique, au fond, expliqua Hervé. Mon épouse travaillait à l’époque dans la même agence que moi. Elle n’appréciait pas du tout mon personnage de séducteur et elle m’a remis à ma place, sans fioritures, le premier jour où j’ai tenté de la draguer. Bien sûr, mon petit ego de mâle dominant n’a pas supporté. J’ai fait comme si je m’en foutais, bien sûr, mais en fait, j’étais vexé. Je me suis donc fixé comme but de séduire Cécilia. Je n’osais cependant plus lui parler, craignant une deuxième rebuffade que je n’aurais pas supportée. Alors, je me suis comporté à son égard comme un gentil collègue, attentionné mais ...
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