1. Louis


    Datte: 01/04/2019, Catégories: fh, hplusag, fagée, extracon, bizarre, campagne, amour, vengeance, mélo, amourdram,

    ... fin de la guerre, il aurait au moins un quasi petit-enfant. Il sourit à Claire en prenant le paquet qu’elle lui tendait et repartit vers l’hospice en clopinant gaiement malgré ses rhumatismes et sa canne qui se coinçait entre les pavés de la place. Il tourna au coin de la rue Gaubert et décida de prolonger vers le cimetière pour en parler à Simone, sa défunte. Il allait pousser la grille chantante lorsqu’il aperçut quelque chose qui le figea sur place : un homme se tenait de dos devant la tombe du père Bergheaud, le maréchal-ferrant. Et cet homme, même si le père Bideau n’avait pas ses lunettes, c’était Lafargue. Que faisait le luthier, en prière devant la dernière dépouille de celui dont il habitait la maison ? Peut-être juste de la curiosité ? Non, il n’aurait fait qu’un signe de croix tout au plus. L’attitude de l’homme était celle d’un familier du mort. Et pourtant Lafargue n’était au village que depuis deux mois. Étrange, vraiment étrange. À moins que… Le visage du père Bideau se décomposa subitement et il faillit lâcher le filet à provisions qui contenait son pot de miel. Il tourna brusquement les talons, et alla s’asseoir sur le banc de pierre qui jouxtait l’entrée du cimetière. Il avait chaud, froid, tremblait et son vieux cœur battait à tout rompre. — Non, murmurait-il. Non, je dois me tromper, ça ne se peut pas… Je l’aurais reconnu… Ce n’est pas possible ! Il chercha un mouchoir au fond de sa biaude et s’épongea le front. Il était bouleversé par l’émotion. La ...
    ... grille chanta et Lafargue apparut. Il aperçut aussitôt le vieil homme et, inquiet de le voir livide, il s’avança pour le secourir. Mais le père Bideau le repoussa en grommelant : — Je n’ai pas besoin d’un menteur pour me relever. Lafargue le fixa avec étonnement puis, semblant comprendre il répondit assez sèchement : — Désolé, mais ma vie privée ne regarde personne.— Personne ? répliqua le vieux les yeux exorbités. Et la fille d’Albin ? Tu comptes lui dire quand même qui tu es ? À moins que tu n’sois venu la courtiser que pour t’amuser avec elle ? Le luthier, mal à l’aise détourna le regard : — C’est vrai que j’y ai pensé avant de m’installer ici. Mais depuis que j’ai rencontré Claire, tout a changé. Je crois que je commence à comprendre… Bideau contempla son interlocuteur d’un air sombre : — Comprendre quoi ? Y a rien à comprendre ! Tu devrais avoir honte ! Honte d’être revenu semer le malheur ! Quand je pense que je te prenais pour un honnête garçon prêt à marier Claire et lui faire oublier ses chagrins… Je serais toi, je repartirais pour la grande ville ! Tu n’as rien à faire ici, et tu n’as aucun droit de t’en prendre à une jeune fille parfaitement innocente. Le vieux avait glapi les derniers mots, presque à bout de souffle. Il toussa. Lafargue s’assit blême à côté du vieil homme et commença : — Je ne suis pas venu pour me venger. Je suis venu pour trouver la paix, pour en finir avec ce passé. Comprenez-moi, je vis depuis quinze ans sous un nom d’emprunt. Mon père m’a renié et ...
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