1. Louis


    Datte: 01/04/2019, Catégories: fh, hplusag, fagée, extracon, bizarre, campagne, amour, vengeance, mélo, amourdram,

    ... lui gâcher. Elle ferma les yeux et appuya son dos au tronc rugueux. La brise du soir caressait son visage et rafraîchissait son front et ses bras nus. La jeune fille se sentait bien, apaisée. Sa mère avait raison de dire que le jardin console de tout. Elle se laissait porter, attentive seulement aux bruits de la nature. Soudain, une mélodie la fit sursauter. Cela venait de la colline derrière la maison. Quelqu’un jouait du violon. Immédiatement, Claire sut que c’était lui. La musique était douce, tendre, prenante. Les notes semblaient se fondre au paysage qui se préparait pour la nuit. Claire, figée, écoutait cette sérénade. Malgré le trouble qu’elle ressentait, ou peut-être à cause de lui, elle ne pouvait s’empêcher de trouver cette attention délicate. La musique apaisait ses craintes sur l’homme qui en était l’auteur, et lui donnait un tout autre éclairage de la personnalité de ce dernier. À l’écouter se donner ainsi dans la musique, Claire se disait qu’il devait avoir une sensibilité à fleur de peau, une générosité et une gentillesse non feintes. Ses réticences à son égard fondaient comme neige au soleil. Elle vibrait toute entière à la musique, comme elle avait vibré dans les bras du luthier, au bal de la Saint-Jean. Mais cette fois, la peur s’éloignait d’elle comme un mauvais cauchemar. Et si elle n’avait été si timide, elle se serait sans doute décidée à rencontrer celui qui suscitait ce trouble. La mélodie tendre l’enveloppait dans une douce torpeur dont elle ...
    ... souhaitait qu’elle se prolonge le plus longtemps possible. Mais après quelques minutes, la musique s’arrêta. Le concert était fini et le soleil venait de plonger derrière les monts d’Auvergne. Le violoniste voulait regagner Saint-Amant avant la nuit. Claire sourit puis décida qu’il était temps aussi pour elle de regagner sa maison. Elle poussa le loquet et monta se coucher, le cœur content. Elle n’avait plus peur de Louis Lafargue. Elle avait compris qu’il ne lui voulait aucun mal. Quelques jours plus tard, le luthier vint chercher du miel et du fromage à son étal. Claire le servit de bonne grâce et lui sourit lorsqu’elle lui tendit les provisions. L’homme lui rendit son sourire et d’un ton malicieux il murmura : — La musique adoucit les mœurs, je le savais. À très bientôt, mademoiselle ! Claire rougit et répondit simplement : — Au revoir, monsieur. Évidemment, la scène n’avait pas échappé au père Bideau qui attendait, comme tous les mardis, son pot de miel de châtaignier, mais il n’en souffla mot. La fille du pauvre Albin avait eu suffisamment à subir les ragots de toutes sortes, pour qu’il s’abstienne de tout commentaire. Et puis c’était si joli de la voir enfin s’ouvrir aux autres… Ce Lafargue, finalement, avait suivi ses conseils. Si ce musicien réussissait à conquérir le cœur de Claire, le père Bideau se dit qu’il exigerait d’être leur témoin de mariage ou de devenir parrain de leur premier enfant. Lui qui s’était toujours désolé de n’avoir pu en avoir avec sa femme, morte à la ...
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