Empathie - Histoires de Sexe

Empathie

... rapport à moi. Elle me lorgne du regard en permanence, c’est plus fort qu’elle. Et ça me met plutôt mal à l’aise. Tu comprends ? Moi je ne suis pas bisexuelle comme vous. Je te le dis sereinement à toi parce que je sais que tu es quelqu’un de très posé, qui fait toujours l’effort de comprendre les autres, mais elle, je ne crois pas. Si elle me fait un jour des avances, je vais être obligée de l’éconduire, et j’ai peur qu’elle le prenne mal. Ça pourrait devenir très inconfortable pour nous trois ici…— Oui je comprends, acquiesça Lise. Je sais qu’elle n’est pas toujours très adroite et raffinée dans sa façon de faire, mais en réalité elle est juste terrifiée à l’idée que tu la juges mal. Je pense que si tu lui fais comprendre, sans haine, que rien n’est possible entre vous, elle l’acceptera sans problème. Et même que vous pourrez devenir de bonnes amies.— L’amitié après une déclaration d’amour qui a été refusée, tu sais… c’est un peu comme si un loup affamé invitait un agneau à dîner en tout bien tout honneur. C’est difficilement concevable, malgré toute la bonne volonté qu’on puisse avoir.— Difficile mais jamais impossible, précisa Lise en pointant en l’air son index de pianiste. C’est une décision qui n’appartiendra qu’à toi le moment venu, mais si j’avais un conseil à te donner, ce serait de privilégier ton intelligence humaine plutôt que l’instinct animal. Inès ne répondit pas. Lise décida alors d’abandonner les phrases pompeuses et inconfortables et de revenir au sujet de ...

... départ. — Vous avez des projets avec Léo, alors ? Inès allongea ses longues jambes fines et sveltes sur le matelas et appuya son dos contre le mur. Se massant nerveusement le bas-ventre d’une main, jouant avec une mèche de l’autre, elle sembla ainsi chercher ses mots pendant un long moment. Enfin, elle déclara : — Si tout se passe bien nous aurons notre propre appartement l’année prochaine. Je voudrais qu’on emménage ensemble, mais je ne lui en ai pas encore parlé… clairement. J’espère que sa situation professionnelle ne viendra pas tout gâcher.— Tu aurais dû lui en parler dès maintenant… qu’il puisse au moins anticiper. Les mecs sont comme nous tu sais : être pris au dépourvu, c’est pas très agréable. Inès eut l’air de se tasser encore davantage sur elle-même et elle se mit à se tripoter les doigts dans des gestes parasites. Puis, elle fit nerveusement pression avec sa main sur sa poitrine comme si elle eut voulu vérifier que ses seins y étaient toujours soudés. En la voyant serrer les dents, Lise s’alarma : — En tous cas, tu as l’air mal dans ta peau. Tout compte fait, j’ai l’impression que tu étais plus sereine avant que Léo ne débarque.— Je t’avoue qu’effectivement, ça me travaille un peu. Je crois que j’ai besoin de réfléchir, de faire le point sur beaucoup de choses, pour avoir l’esprit plus clair.— Et peut-être pour éviter de prendre trop rapidement une décision qui sera lourde de conséquences, conclut Lise.— Je crois que nous nous sommes bien comprises, répondit Inès ...