1. Temps de Paix


    Datte: 04/04/2019, Catégories: f, h,

    ... respect pour elle. Je ne sais pourquoi, mais quelque part en moi je sentais qu’elle me poussait vers ce type. Comme si elle aurait plaisir à me voir faire mes premières armes avec lui. Elle m’avouait que c’était sans doute Gertrude qui avait eu la primeur du beau garçon qu’il était à vingt et un ans. Depuis, son avenir s’était éclairci au point de faire la renommée de la boutique qui sous ses ordres était en plein essor. Les bijoux dorénavant devenaient source de bonheur et se montraient au grand jour. L’homme excellait dans l’art d’innover et ses vitrines ouvertes sur la rue étaient désormais copiées par tous ses concurrents. Même Chaumet y était venu, alors… c’était un signe. Avec à mon bras la vieille dame, fidèle à sa parole, nous nous étions donc égarées du côté de la place Vendôme et j’avais pu admirer des broches sublimes, des fantaisies argentées ou orées d’un éclat si particulier. Sans doute que mes yeux brillaient alors que ce Gabriel nous faisait visiter sa caverne d’Ali Baba. Partout de quoi rendre folles toutes les dames de la terre. Des dizaines de pierres précieuses jetaient leurs éclats sympathiques sur la promenade que nous faisions en compagnie du Monsieur. Et son bureau ressemblait à une galerie d’art. Des tableaux sur chacun des murs, des œuvres qui sans doute valaient des fortunes. L’une d’elles attira mon attention. Une merveilleuse jeune femme dont le buste était tout juste recouvert d’un voile transparent. Mais ce n’était pas la déesse qui s’y ...
    ... montrait qui m’intriguait, mais bien la signature que j’y lisais. Paul… — Je vois que vous admirez cette toile ! Elle représente ma mère, Jeanne. Le peintre est de Montmartre : Paul de Montaut. Il sera célèbre un jour. Ma mère était belle n’est-ce pas ? Je trouve que l’artiste lui a rendu grâce en la peignant sous une lumière naturelle…— Oui ! Il sait si bien rendre beaux les traits des femmes…— Ah, je vois ! Vous connaissez donc quelques œuvres de notre homme ?— Je vis aussi à Montmartre et j’ai cette chance de l’avoir déjà rencontré.— C’est surtout lui qui doit se féliciter de vous côtoyer. Et j’aimerais avoir ce privilège.— Allons les enfants… nous sommes en visite alors pas de sensibleries, voulez-vous. Il est un temps pour chaque chose. Celui du plaisir des yeux des femmes que nous sommes est devant nous. Pour les autres mignardises, vous saurez bien les savourer à un autre moment. Nous avions ri, Gabriel et moi, à ces propos de ma guide. Geneviève avait peut-être déjà une petite idée derrière la tête. Mais elle se garderait bien de m’en faire part. Et puis le bougre était séduisant. Sa fine moustache bien taillée, ses mains élégantes et fluettes, son air de toujours sembler de bonne humeur, tout me le rendait agréable. Finalement, il ne me déplaisait pas. Il fallait de toute façon bien une première fois et celui-ci pourrait faire l’affaire pour un temps. Il profita donc d’un instant d’égarement de ma protectrice pour me chuchoter quelques mots. — Si vous en avez envie, je ...
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