Les émois de Valériane - 1/3
Datte: 22/06/2017,
Catégories:
hplusag,
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intermast,
Oral
init,
... qu’un premier véhicule s’arrête dont l’équipage de trois jeunes bien rigolards et probablement très imbibés me propose une place à leur côté sans autrement s’enquérir de mon cap. Prudente, je décline, prétextant qu’un ami, qui ne saurait tarder, doit me retrouver pour me convoyer. Je n’ai, une fois de plus, pas le temps d’agiter l’impatience de mon pouce qu’une seconde berline s’immobilise devant moi. Il s’agit d’une Fiat Multipla. J’aime cette voiture, bien singulière dans l’uniformité du marché automobile contemporain qui, de surcroît, est celle d’un vieil oncle pour lequel j’ai toujours éprouvé une sympathie particulière. Derrière la vitre qui s’entrouvre, je reconnais un professeur du lycée à la réputation assez sulfureuse. Il passe pour draguer tout ce qui bouge : collègues comme élèves et, dit-on, parvient souvent à ses fins. Je ne l’ai jamais connu en tant qu’enseignant et je cède très inconsciemment à l’impulsion qui me pousse à vérifier la véracité de sa notoriété. — En quoi puis-je vous être agréable, Mademoiselle ?— Je rentre chez moi, à Urdisheim. Pourriez-vous m’avancer dans cette direction ?— On peut dire que la chance vous sourit, je vais précisément à Habswhir, le village suivant et puis vous déposer à votre porte sans que cela ne m’occasionne le moindre détour. Je monte en le remerciant tandis qu’il m’engage à m’asseoir sur le siège central : — C’est une position stratégique que n’offrent que peu de véhicules et dont je vous invite à profiter. En outre, je ...
... n’aurais pas ainsi l’impression de vous inspirer une quelconque frayeur ! Me voici collée dans le fauteuil, au milieu du carrosse, et évaluant mon interlocuteur force petits coups d’œil furtifs. La cinquantaine eta priori, rien de très séduisant qui puisse expliquer les engouements de ces dames. Une stature imposante assortie à la corpulence propre à son âge. Un visage buriné, marqué de nombreuses rides, des cheveux à peine grisonnants organisés selon une coupe classique, mais savamment ébouriffés. Une barbe cendrée, courte et taillée légèrement en pointe. Une mise d’intello, affichant un air faussement négligé destiné à manifester son mépris du chiffon. Non pas moche, néanmoins assurément pas un Apollon. Et puis, à y regarder mieux, l’harmonie de ces éléments dégage un charme certain : une touche de distinction qui force l’admiration et un respect mâtiné de crainte. Pendant que je l’examine, il me bombarde de questions : mon nom – Valérie – quel prénom ravissant ! (je suppose qu’il aurait usé de la même réplique si je m’étais annoncée Cunégonde) – mon âge – je confesse vingt-deux ans en un pieux mensonge – le bel âge, n’est-ce pas, celui des fredaines et des amours sans conséquences ni lendemain ? Votre occupation dans la vie – surtout ne pas divulguer que je suis étudiante dans son lycée – je déclare être chef de rang dans l’hôtellerie que mon père tient à Urdisheim. — Ah ! vous êtes la fille du patron de l’auberge, il me semblait bien vous reconnaître. J’ai déjà dîné chez ...