À demi-mots
Datte: 10/04/2019,
Catégories:
campagne,
cérébral,
exercice,
humour,
... j’ai mes habitudes. Chaque matin, aux aurores, j’y achète les croissants qui constituent mon petit déjeuner, ingurgité sur la route de mes différents chantiers. Les viennoiseries y sont bonnes. Heureusement, car le patron, lui, est un type imbuvable. À la limite de la politesse. Mais là encore, pas vraiment le choix ! Il est le seul boulanger des environs et n’est pas contraint de forcer son talent de commerçant… Nous entrons dans le magasin et, nouveau choc visuel qui réveille ma tendinite et manque me vriller la rétine. En lieu et place de l’habituel boulanger, une femme. Et quelle femme ! La trentaine épanouie, le cheveu brun et court, la jupe minimaliste, le fessier rebondi, le sein arrogant, le téton farceur sous un petit haut parfaitement indécent. — Bonjour ! clame-t-elle à la cantonade.— Bon… bonjour, Madame. Elle s’avance vers sa caisse. — Ah, mais vous devez être le nouveau plombier, non ? Mon mari m’a dit que vous passez tous les matins… Son mari ? Comment est-ce possible ? L’image du malotru honorant cette beauté, renversée sur le pétrin, me traverse l’esprit. Une image immonde, à me dégoûter à jamais du pain. Je la chasse en repensant à ma conversation avec Samantha. Si la boulangère voulait se livrer à ce même petit jeu, l’endroit y serait particulièrement propice. Entre le four, la baguette et les miches, je me prépare déjà à quelques joutes des plus sympathiques. — En effet, dis-je simplement, lui laissant le soin de lancer la première salve. Aucune ...
... réaction… Elle attend. Elle a peut-être simplement moins d’esprit que la jolie médecin. J’hésite à lancer les hostilités mais la sonnette automatique du magasin coupe court à mes projets. J’enrage en me retournant pour découvrir le visage de l’opportun. Aussitôt, mes traits s’adoucissent. Samantha ! Mon médecin préféré ! — Tiens, comme on se retrouve… dit-elle. Puis elle contourne le comptoir et embrasse la boulangère. Une simple bise, ne prêtant pas le moins du monde à confusion. Un baiser sur la joue comme toutes les amies peuvent s’en donner. Mais le regard que me lance Samantha quand ses lèvres effleurent la commissure de celles de son amie est, lui, sans équivoque. Elle lui aurait mis la main aux fesses ou lui aurait peloté un sein que le message n’aurait pas été plus clair. — Tu sais que David va venir s’occuper de ma plomberie lundi matin ? reprend-elle à l’adresse de la boulangère.— Ah oui ? C’est vrai qu’elle en a bien besoin. Puis, se tournant vers moi avec une moue malicieuse : — Et vous vous occupez aussi des cheminées ?— Euh… oui. Qu’est-ce qui ne va pas ?— Il faudrait vraiment la ramoner ! Les deux femmes se tiennent par la taille et me sourient. La jolie brune a le téton de plus en plus insolent et frétillant. Mais elle a aussi – et surtout – un mari qui, s’il m’est antipathique, est aussi deux fois plus large que moi ! — C’est assez facile de ramoner une cheminée… Votre mari ne le fait pas lui-même ?— C’est que… nous ne vivons plus ensemble. Nous n’avons plus que ce ...