1. Les six petits cochons


    Datte: 08/05/2019, Catégories: bizarre, telnet, nonéro, policier,

    ... d’effroi. Vêtus de longues toges noires, mes bourreaux se placent de part et d’autre du chevalet de torture. — J’ai une interrogation qui me titille depuis longtemps, reprend le type avec un sourire cruel. Jusqu’à quel point peut-on découper un mec, avant qu’il ne clamse ? Je me tortille comme un ver sur mon plateau d’acier, dans une ultime et dérisoire tentative pour me libérer de mes menottes. Le seul résultat, c’est que je me luxe un peu plus l’épaule et m’écorche méchamment les poignets. Les haltérophiles habillés de noir se saisissent de leurs haches à deux mains, et, prenant un maximum d’élan, les brandissent au-dessus de leurs têtes. Un signe de leur chef, et ils me tranchent les bras ! — Aaah… Attendez ! Faites pas ça ! Je… ok, c’est d’accord… ooOOOoo Le jour se lève enfin. Perçant le ventre bombé des nuages gris qui menacent l’horizon, les premiers rayons de l’aube font scintiller les eaux argentées d’un immense lac loin devant, tout en bas des collines. Depuis dix minutes environ, on marche sur un petit chemin caillouteux, dans un paysage de landes désolées. Après m’avoir accordé une longue douche brûlante, mes geôliers m’ont donné des vêtements propres. Ce n’est qu’au moment d’enfiler les chaussures que je me suis rendu compte qu’il s’agissait en fait de mes propres groles et de mon costard du dimanche. Ensuite, toujours encadré par ces deux types en toge noire, j’ai quitté le corps de ferme à pied et depuis je chemine à l’air libre. Ils ont usé d’une barbarie ...
    ... implacable pour torturer mes cinq compagnons de cellule. Les supplications, les hurlements, les sévices… tout ça a duré jusqu’au petit matin, un véritable marathon de l’enfer. Au-delà d’un certain stade, l’esprit humain n’est plus équipé pour gérer l’accumulation de l’horreur et de l’ignominie. Je ne ressentais donc plus rien dès le second assassinat. Plus rien, à part une sombre satisfaction à chaque fois que s’arrêtaient définitivement les cris. Je sais, c’est odieux, mais c’était presque un soulagement, ce silence de mort. Je prenais tout mon temps pour mener à bien ma sale besogne, pour repousser le moment où les vociférations reprendraient. Quand le massacre a finalement pris fin, j’étais couvert de sang de la tête aux pieds. Et ce n’est pas juste une image. Mes mains ont laissé de grandes traces visqueuses sur le rideau de douche, et pendant un bon moment, l’eau a coulé pourpre dans le bac émaillé. Malgré les tonnes de détergent et les longues minutes à me récurer sous le jet, je sens toujours ces viscères sanguinolents qui me collent à la peau, ces organes glaireux qui giclent sous mes doigts. Je crois que je n’arriverai plus jamais à me sentir propre. On s’arrête près d’un bosquet d’arbres dénudés. Dans le flamboiement du ciel, les branches torturées semblent proférer des imprécations muettes contre l’hiver. Le gars à ma droite défait les menottes qui lient nos poignets. Le regard vide, j’attends que tout soit terminé. Je ne réalise pas encore vraiment ce que ces fachos ...