1. Les six petits cochons


    Datte: 08/05/2019, Catégories: bizarre, telnet, nonéro, policier,

    ... capable de mettre un contrat sur ma tête. À 39 ans, je ne suis personne, un simple citoyen dans la foule des anonymes. Ces mecs-là sont en train de se gourer de client, c’est sûr. Mais même s’ils s’en rendent compte, ils préféreront sûrement me clouer le bec pour de bon ! La seule trace qui restera de ma vie tragiquement écourtée, ce sera un article minable dans la section « Faits divers » d’une feuille de chou quelconque. Quel gâchis ! Mes joues sont baignées de larmes, mais il n’y a aucune colère en moi, aucune rage. Juste de la peur, la peur abjecte de crever comme un chien… La grosse berline vient de ralentir. On s’arrête brièvement, puis on repart, en roulant au pas. Les pneus émettent un crissement régulier, comme si on remontait une allée de gravillons. On doit s’approcher d’un lieu habité. C’est peut-être con, mais ça ranime une lueur d’espoir en moi. Je m’attendais tellement à ce qu’un de ces types me flingue au milieu de nulle part… Après tout, ce n’est peut-être qu’un simple enlèvement avec demande de rançon ! La voiture s’immobilise, les portières claquent, le gravier crisse sous des pas lourds. Le coffre s’ouvre, laissant pénétrer un air frais qui fait palpiter mes narines. Avant que je ne puisse dire ouf, on me retourne sans ménagement. J’entends un claquement sec ; le bruit inimitable d’un couteau à cran d’arrêt… Si je n’étais pas bâillonné, je les supplierais de la façon la plus vile. Je n’hésiterais pas à les implorer pour qu’ils m’épargnent. La froidure ...
    ... d’une lame s’immisce soudain entre mes cuisses gelées. Bordel, non ! Ces enfoirés vont me châtrer ! Le couteau s’agite, fouille, tranche… mais je ne ressens rien, je suis comme anesthésié. Je ne comprends ce qui se passe que lorsque mes genoux et mes chevilles se désolidarisent brutalement. C’est à ce moment précis que la douleur explose, comme si, d’un seul coup, les veines de mes jambes se remplissaient d’un millier d’aiguilles chauffées à blanc. Quelques secondes plus tard, quatre mains implacables me hissent hors du coffre. On me lâche… Sous mes pieds nus, le baiser glacé d’un sol herbeux. Mes muscles endoloris sont incapables de me soutenir ; je vacille et m’écroule comme une merde, provoquant l’hilarité générale. Deux types se penchent alors vers moi, me soulèvent par les aisselles et me traînent sans ménagement sur une bonne vingtaine de mètres. En chemin, mes talons heurtent à plusieurs reprises d’épaisses dalles en pierre. La souffrance est atroce, à hurler ! Bien sûr, mon bas de pyjama en profite pour se débiner lâchement. Sans défense et à moitié à poil, les pieds en bouillie, on ne peut pas dire que ma situation soit brillante ! Mais pour l’instant, je suis encore entier… On s’arrête enfin. Il y a un cliquetis de clefs bataillant avec une serrure récalcitrante, puis la plainte d’une porte qui s’ouvre à la volée. L’un des types, me tenant toujours fermement par le bras, me fait avancer. On doit se trouver à l’intérieur d’une habitation à présent, car la morsure du ...
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