1. Tombé du Ciel


    Datte: 10/05/2019, Catégories: fh, jeunes, uniforme, campagne, amour, volupté, historique, ecriv_f,

    Par un soir de juillet, je rentrais d’une de mes longues promenades qui s’étendaient du crépuscule jusqu’à la nuit noire. J’étais déjà proche de la maison, je l’aperçus au bout du champ, sombre et massive, on l’aurait crue abandonnée. Mais mes grands-parents y dormaient, comme à chaque soir de leur vie. Lorsqu’ils montaient se coucher, la maison était envahie d’un calme qui m’était devenu insupportable. C’est ainsi que j’avais pris cette habitude de sortir à la tombée du jour et d’arpenter les environs, que je connaissais maintenant si bien, que j’aurais pu y naviguer les yeux bandés. Ici aussi, au beau milieu du champ, les choses baignaient dans un calme plat. Je marchais au centre de l’étroite piste sans vraiment la voir, trébuchant parfois. Puis, rapidement, quelque chose s’est agité dans les feuillages de la petite haie, sur ma droite. Avant même que je n’aie pu me convaincre que ce n’était qu’un animal, une silhouette imposante avançait vers moi, une main ouverte en signe de paix. « Mademoiselle…? » La voix avait un fort accent que je pris au prime abord pour allemand. D’ailleurs j’avais maintenant compris qu’il s’agissait d’un soldat. Mais que faisait ce soldat allemand, ici, dans ce champ à une heure pareille, alors qu’ils s’étaient installés depuis le début de l’occupation dans un village voisin, et ne se montraient qu’occasionnellement dans ces parages, pour venir effectuer quelques réquisitions. « Mademoiselle, répéta la voix, allié, friend…. Ami ! » Ce n’était pas ...
    ... de l’allemand, mais bien… de l’anglais. La chose était évidemment encore plus bizarre. Le soldat avait continué à s’approcher et se trouvait maintenant à moins d’un mètre devant moi. Il sentait la sueur et le tabac. Prise de court par la situation, j’ai lentement levé les bras, figée par la surprise. « No, no…. Not german… ami… » La lueur d’un briquet m’aveugla un instant, puis je pus finalement discerner le visage de mon étrange interlocuteur. Un visage usé, sale, mais dont émanait tout de même une certaine jeunesse. « American… » Il plaça la lueur près de son épaule. J’y reconnus le drapeau américain. D’où tombait-il, je me le demandais. J’ai lentement baissé les bras. « I need your help… understand me ? » Mais je ne déchiffrais rien dans son charabia. Je restais devant lui sans bouger, ce qui lui fit sans doute comprendre que je n’y comprenais rien. Puis il pointa la maison. « Is this your house ? » Grâce aux signes, je pus répondre oui. Et aussi comprendre qu’il voulait que je l’héberge. Sans réfléchir aux possibles conséquences ni à la réaction de mon grand-père, j’ai acquiescé et j’ai repris la marche le long de la sombre piste. Bien sûr il a tout de suite emboîté le pas. Nous avons marché en silence pendant quelques minutes. J’écoutais les cliquetis que faisait son équipement et le son lourd de ses bottes à chaque pas. Je ne pouvais imaginer ce que cet américain trafiquait ici. Était-ce le début de la contre-attaque ? Nous attendions plutôt les Anglais. J’ai ouvert la ...
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