1. Le Maître


    Datte: 15/05/2019, Catégories: fh, fplusag, profélève, école, intermast, pénétratio, init,

    ... difficile plaidoirie qu’il m’aurait fallu mener le soir même devant le Pater Noster. Notre rendez-vous se tint le soir d’une de ces « booms » que j’eus le bonheur de rater par votre bonne grâce. Vous habitiez un agréable pavillon d’une banlieue bien cotée. La mémoire enjolive probablement un peu les choses, mais les grilles à l’entrée et l’architecture néoclassique donnait à votre demeure l’allure d’un petit château. Les portes s’ouvrirent par interphone interposé et je rangeai mon vélo dans la petite cour intérieure à côté de la Mercedes noire dont vous faisiez votre quotidien. Votre silhouette m’apparut en contre-jour dans l’embrasure de l’entrée. Votre chemise de nuit à l’opacité douteuse laissait poindre les lignes vaporeuses de cuisses suggestives. Comblé par un sens de l’accueil digne du corps diplomatique, je vous précédai dans une grande pièce où trônait un bureau style Louis XV encombré de livres et de carnets griffonnés. Je parvins à vous arracher quelques éléments autobiographiques à la faveur d’un climat décontracté. Vous viviez seule une bonne partie de l’année. Votre mari étant régulièrement pris entre Paris et New York, vous vous consacriez à vos deux passions, l’écriture et l’enseignement. La bâtisse avait été totalement réaménagée dans un savant mélange de styles mariant le mobilier d’antan à l’art contemporain. Votre bon goût très intuitif accordait toute leur importance aux éclairages intimistes. En fond musical, un jazz apaisant de discrétion servait sans ...
    ... doute de toile de fond à vos travaux nocturnes. Vous prîtes congé le temps d’achever de vous préparer, et je pris mes aises dans le salon cuir à votre invitation. Livrée à ma curiosité sur tout un pan de mur, votre impressionnante bibliothèque m’incitait au voyage au fil de ses titres évocateurs : La femme de papier, Nuit d’encre, La morsure de la neige… Je me souviens aussi de cet opuscule exaltant les saveurs érotiques du vin, mais aussi du regard de George Sand dont l’insolence blasée constituait à elle-seule la plus envoûtante des incitations à la luxure. Ces objets appelaient une vie de libertinage et d’aventures diverses menée aux yeux et à la barbe d’un mari qui devait par ailleurs bien vous le rendre. Votre retour dans le salon me coupa le souffle. Comment restituer fidèlement le tableau incendiaire qui s’offrit alors à mes yeux ? Des reflets affolants de votre guêpière de cuir aux zébrures de vos cuissardes à lacets, de la voûte gothique de votre porte-jarretelles à l’interminable écrin de vos gants en latex, vous aviez sorti l’ensemble des grandes circonstances. La luisance de vos peaux synthétiques m’évoquait la plus vénéneuse des veuves noires, à moins que vous ne vous identifiiez à l’une de ces pin-up américaines des années cinquante. L’ample chapeau Belle Époque et le porte-cigarettes ostensiblement brandi dans ma direction suggéraient un sens de la dérision très affûté sous vos excentricités de duchesse décadente. — Alors, jeune homme, où en étions-nous ? Dans ...
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