1. Hérodiade


    Datte: 17/05/2019, Catégories: fh, jeunes, copains, plage, amour, intermast, pénétratio, init, nostalgie,

    Longtemps, je fus une fille très sage. À la fête foraine de novembre 68, quand se referma la toile de la chenille à l’assourdissant vacarme, Michel approcha ses lèvres des miennes. Il avait deux ans de plus que moi et c’était le meilleur ami de mon frère. J’en étais amoureuse, ou du moins je le croyais. Comme il y avait, près de la haute ville où nous habitions, un lavoir qui ne servait plus à grand chose et qui était toujours désert quand il faisait nuit, c’est dans la glaciale obscurité de ce lavoir, ce soir-là, qu’il me prit dans ses bras. La radio passait souvent une chanson de Guy Béart :Qu’on est bien dans les bras d’une personne du sexe opposé, qu’on est bien dans ces bras…as…as…-là ! Une phrase me paraissait bien trouvée : « Les creux et les bosses, tout finit par se marier. » Car il avait une bosse bien dure au niveau du bas-ventre, Michel, quand il me serra contre lui. J’avais une jupe de laine qui frôlait le sol, c’était la mode en cet automne. Et un chandail, de laine également. Michel m’a palpé les fesses par dessus la jupe, qu’il a tenté se soulever. Mes mains l’en ont empêché. Sous la jupe il y avait une petite culotte de coton blanc à laquelle il ne fallait pas toucher ! Il a dégagé le bas de mon chandail de la ceinture de ma jupe. Je l’ai laissé faire. Ses mains ont tripoté mes seins, mais par dessus mon soutien-gorge, de coton blanc lui aussi. Il a tenté de glisser un doigt dessous. J’ai inspiré à fond pour gonfler mon thorax et bloquer son doigt. Parce ...
    ... qu’il était froid ; parce que je n’osais pas. Il était tard, il fallait rentrer. Je ne l’intéressais plus, je le savais. J’en ai pris mon parti : j’avais cru l’aimer, je m’étais trompée, voilà tout. Je commençais mon année de terminale, il fallait penser au bac. Au printemps suivant, le général de Gaulle abandonnait le palais de l’Élysée. Il fallait avoir plus de vingt-et-un ans pour voter. La campagne électorale m’a laissée bien indifférente. Depuis l’année précédente, il était interdit d’interdire et il convenait de jouir sans entraves. Mais pas moi, tant il était évident qu’il fallait que j’en sois follement amoureuse pour que je me donne à un garçon, comme il est dit dans les romans. Les dadais de mon âge ne m’intéressaient guère. Quant aux plus grands, aux amis de mon frère, je sortais d’en prendre. Ils ne voulaient que coucher avec moi, après quoi merci et bonsoir. Ou peut-être même pas merci. Je me souviens de quelques bals, dans une discothèque de banlieue. Revenait souvent la chanson de Guy Béart. J’étais bien, en effet, dans les bras de quelques garçons. Pas de tous. Je les voulais différents, déférents et timides, galants en quelque sorte. J’avais horreur des mains moites de quelques-uns. Certains voulaient toujours « faire un petit tour dehors ». Je refusais en riant. Quand il y avait des slows, ils cherchaient à en profiter, ceux-là. J’esquivais leur bouche qui, trop souvent, puait le tabac. Bref, j’affectais d’être farouche et pourtant… Et pourtant j’étais moite de ...
«1234...7»