Angel'seven. I. Angela. (2)
Datte: 17/06/2019,
Catégories:
Divers,
Elle se leva plus tard que d’habitude, profitant d’un sommeil récupérateur. Elle prit le petit déjeuner dans son salon qui était ensoleillé. Le beau présage d’une magnifique journée, se dit-elle. « - Non mais tu as vu ces articles ?! » dit son mari, avec un air furieux, en lui apportant les journaux. « Ils parlent d’une prestation « lamentable », « laborieuse » lors de ton discours d’hier. Et il y aussi Yürgen qui fait cette déclaration à la presse… » Elle fut abasourdie d’entendre les mots durs et offensants de ce type qui, hier, l’avait chaudement félicitée. Quels salauds ! Quels hypocrites ! Ils sont jaloux, ils veulent ma place, ils adhèrent à mes idées et maintenant ils veulent se les approprier ; ils vont dire que ce sont eux qui en sont à l’origine. Elle n’écoutait même plus son mari qui lui faisait la lecture. « …il semble donc que Mme Angela X. ait été loin de remporter l’adhésion de ses amis du parti, ce tournant libéral ne semble pas de leur goût. » Ça alors ! Ils retournent leur veste ! C’est incompréhensible. Toute la journée, elle resta chez elle, abattue, presque prostrée. Son époux ne l’avait jamais vue ainsi. Il renonça à essayer de la réconforter et de la remotiver : se faisant rabrouer il abandonna et la laissa se murer dans son silence. Sans se l’avouer, elle espérait un signe. La prédiction de l’homme en noir s’était réalisée. Et il avait dit « A demain ». Elle veilla longtemps dans la soirée, mais finit par aller se coucher. Elle prit un somnifère et ...
... s’endormit assommée. Le lendemain matin, d’humeur maussade elle décida de ne pas rester dans sa maison. Elle déjeuna de bonne heure et partit faire un tour à pied jusqu’au centre-ville. Deux ou trois voisins la saluèrent poliment. Elle s’arrêta à un kiosque et commença à feuilleter les journaux du jour, ainsi qu’un hebdomadaire politique. Ses yeux s’arrêtèrent sur un titre : elle eut presque envie de pleurer. Un sondage fraîchement sorti donnait son parti en baisse de plus de 15 points en intention de vote ! Si les élections avaient lieu maintenant (elles devaient se tenir deux ans plus tard) ils n’avaient aucune chance de gouverner ! Comment, alors qu’il avait, il y a encore trois mois, le vent en poupe, pouvait-il prendre une pareille claque, comment un tel désamour pouvait être survenu d’un seul coup ? Elle soupira. Ceci lui paraissait irréel, mais elle se résolvait à croire qu’il n’y avait qu’une seule explication possible. « - Alors, vous me croyez maintenant ? » Elle ne fut même pas surprise. Il était apparu là, à côté du kiosque, et la regardait avec son sourire énigmatique. « - Pourquoi ?! » dit-elle, en se rua sur lui. Ses nerfs lâchaient, de tant d’émotions subies et contenues pendant deux jours, et de toute la rage qui lui montait soudain au visage, elle le rouait de coups de ses petits poings comme on tambourine à une porte pour qu’elle s’ouvre. Lui riait, semblant ne rien sentir, surtout que ses poings tendus n’atteignaient que ses épaules, tant il était grand par ...