La Faille
Datte: 23/06/2019,
Catégories:
fh,
Collègues / Travail
nonéro,
sf,
... l’écran. À la place, je trompais mon ennui en laissant divaguer mon esprit par la fenêtre de son bureau. Une heure après, Karina n’avait encore rien trouvé de significatif. Moi, pendant ce temps, j’en avais profité pour améliorer nettement mon habileté au lancer de boulettes en papier froissé. Il était temps de trouver autre chose pour être activement inutile, car la panière commençait à déborder. Je lui proposai alors de faire une pause bien méritée, en allant casser une petite croûte dans un troquet pas loin. Ma suggestion ne reçut pas l’aval de la petite dame, qui me proposa plutôt d’aller moi-même y faire un tour à pied, afin de ramener quelque pitance susceptible de nous caler l’estomac. Elle me précisa de bien prendre mon temps, surtout. Je décidai de suivre son conseil, car être débarrassé de moi quelques instants lui permettrait à coup sûr d’être plus sereine pour avancer. Je revins vers quatorze heures, avec un chouette assortiment de sandwichs dans un sac en papier recyclé. Je m’attendais à ce que mon retour soit accueilli par le genre de sourire que l’on réserve d’habitude à la caravane du tour de France, lors de la distribution des colifichets publicitaires dans les cols de haute montagne. Je fus plutôt déçu… Karina avait fini toutes ses vérifications, mais son air renfrogné ne me disait rien qui vaille. Elle accepta sans un mot mon offrande, engloutissant avec appétit son jambon beurre. Une fois la dernière miette avalée, elle formula clairement ce que je ...
... craignais par dessus tout d’entendre : — Désolée, Franck, mais je n’ai rien trouvé d’anormal. Rien du tout ! Je pense qu’à l’annonce de cette nouvelle, la couleur de mon visage dû changer de façon spectaculaire, car Karina me regardait à présent d’un air inquiet. Je sentais mes jambes se dérober sous moi et je tombais, plus que je ne m’assis, sur le siège face à elle. — Quoi ? Mais c’est strictement impossible ! Cette erreur existe, j’en ai la preuve formelle ! Elle est juste très bien cachée, c’est tout, lui dis-je, refusant d’accepter son intolérable affirmation.— J’ai tout examiné en détail, absolument tout. En vertu de quoi, je déclare ce contrefort parfaitement innocent du crime dont tu l’accuses. Es-tu sûr, au moins, que c’est bien là qu’il fallait chercher ? me demanda-t-elle, d’un ton narquois.— Mais bon dieu, oui ! Je l’ai vu de mes propres yeux, il a carrément explosé sous la pression ! Je n’avais pas terminé de prononcer cette terrible phrase que j’en regrettais déjà amèrement chaque mot. Qu’avais-je dit là ! Je n’osais plus regarder Karina, mon cerveau en surrégime essayant de trouver un moyen de rattraper le coup, sans que bien sûr ne s’amorce le moindre début d’explication logique à lui fournir. — Ah, ok ! Tu as VU exploser un contrefort qui, pour l’instant, n’existe pas… Whaouh, alors là, je suis bluffée !— Heu…— Et ça t’arrive souvent, ce genre de vision, ou c’est juste quand tu oublies de prendre tes petites pilules roses ?— Karina, je comprends ta réaction, ...