La Faille
Datte: 23/06/2019,
Catégories:
fh,
Collègues / Travail
nonéro,
sf,
... aussi désolé que toi ! À ces paroles, une sueur immonde envahit mon front et mes paumes ! Implicitement, il venait de me donner le genre d’information que l’on redoute tous de connaître : le temps qui nous reste à séjourner sur cette terre… Je me serais bien passé de savoir que la date de mon « départ » se situait aux alentours de 2034. Nom de dieu, ce serait vite là ! Je n’avais pas le temps de m’apitoyer, ni sur lui, ni sur moi-même par conséquent. Une main sur le cœur, je lui promis donc de faire ce qu’il attendait de moi. oooOOOOOooo Après une période indéterminée passée dans les limbes, je finis par me réveiller, perclus de courbatures et affligé d’un mal de tête digne d’un accidenté de la route. Et bien, décidément, avec ou sans champagne, ça ne me réussissait pas, les communications hyper-temporelles ! À ces douleurs physiques s’ajoutait la douleur morale suscitée par les dernières paroles de mon alter-ego… On a beau tous savoir que notre existence terrestre est d’une durée forcément limitée, ça m’en fichait quand même un sacré coup sur la cafetière de savoir que, pour moi, la route était brutalement interrompue peu après le kilomètre 55 ! Je me laissai aller à ce sombre vague à l’âme un bon quart d’heure, au moins, avant de me secouer : —Et si tout ça, ce n’était juste qu’un putain de mauvais délire ?! La réalité de ma rencontre avec mon futur « moi » était encore loin d’être mathématiquement établie ! Si la suite des évènements m’en apportait la preuve formelle, il ...
... serait alors temps de commencer à m’inquiéter de ses mauvais augures… La première chose à faire, avant de l’oublier, c’était de griffonner sur un papier ce qui m’avait été annoncé par mon double. Je n’allais malheureusement pas pouvoir vérifier sa prédiction avant une semaine. Mais en attendant, rien ne m’empêchait de prendre les paris ! Je dévalai quatre à quatre les escaliers de mon immeuble, à la recherche du bar-tabac le plus proche. J’en trouvai un au coin d’une ruelle tortueuse et j’y pénétrai, le profil bas. L’établissement empestait le tabac froid et les trop longues journées de chômage. Quant à la déco – qui datait du septennat de Valery, au moins – elle aurait mérité un bon coup de frais. Je ne suis pas un adepte des jeux de hasard. J’ai toujours refusé de cautionner ces véritables mascarades, consistant à ponctionner une foule d’anonymes, pour ne redistribuer – au mieux - qu’une fraction ridicule des sommes amassées à quelques heureux veinards. Mais là, c’était différent… Pour une fois, peut-être, j’avais plus qu’une misérable chance sur treize millions de ne pas investir ces quelques euros pour rien. Je pris un bulletin dans le présentoir au coin du vieux zinc fatigué, et entrepris d’y reporter fidèlement les six numéros que Franck 2034 avait inscrit sur le bristol glissé dans son enveloppe. Puis je remis l’imprimé au tenancier, comme n’importe quel autre participant à la méga cagnotte (une de plus) du prochain samedi. Ce qui me distinguait des autres joueurs, ce ...