0205 Non, ce n’est pas un rêve.
Datte: 28/06/2019,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
... jamais cru que le parfum d’une pizza pouvait me donner envie de pleurer. Le fait est que cette pizza est un peu le symbole de nos retrouvailles, l’image de ce nouveau Jérém qui me fait fondre. Mon bobrun s’assoit en face de moi et commence à découper le disque multicolore. Je ne me lasse pas de regarder mon Jérém dans ce nouveau rôle de mec futé qui a l’air de savoir tout faire. Il me fascine, il me rend fou. « Ah, mince… les assiettes… » je l’entends « pester », tout en rigolant et en se préparant à se lever à nouveau. « Reste là, y a pas besoin d’assiettes… » je le rassure. « C’est vrai, on est à la campagne ici… » fait-il, en souriant et en me balançant un nouveau clin d’œil au charme ravageur. « On est au Paradis… ». « Je ne sais pas si au Paradis il pleut autant… » il se marre. « Je ne sais pas non plus… mais je suis sûr qu’au Paradis il doit y avoir une cheminée, une pizza et un gars comme toi… ». Pour toute réponse, Jérém me tend une part de pizza. « Attention, c’est chaud… j’espère qu’elle est bonne… ». « Elle l’est forcément… ». « Goute d’abord, tu me diras après… ». La pizza, c’était une idée charmante quand elle n’était encore qu’un pâton ; elle était belle pendant la préparation, elle sentait bon pendant la cuisson ; et elle est délicieuse, vraiment délicieuse, à la dégustation. Elle a aussi le goût des choses faites avec amour. Un grand chef a dit : « le chemin du cœur passe aussi par le ventre ». Et cela est bien vrai. « Alors ? » fait mon Jérém, tout en ...
... mâchant un bout de pizza, l’air impatient de savoir. « Elle est très bonne ta pizza… ». « Ah, ça fait plaisir… ». « C’est la meilleure pizza que je n’ai jamais mangé de ma vie… ». « T’exagères… ». « Non, c’est vrai… ». « C’est vrai qu’en dehors de l’Italie, la seule bonne façon pour manger une bonne pizza, c’est de se la faire… mais je te promets que mon cousin Carmelo à Naples, en fait de bien meilleures que moi… ». « Elle est délicieuse… » je lui lance, submergé par l’émotion. Chose qui ne passe pas inaperçue à mon Jérém. « Ça va, Nico ? ». « Oui, oui… » je fais, en essuyant mes joues. « Qu’est-ce qu’il se passe ? ». « C’est que tout ça c’est tellement beau que je n’arrive pas à y croire, c’est trop, ça me donne presque le tournis… ». Jérém se déplace à côté de moi, il glisse son bras autour de mon cou et me fait un bisou dans le cou. « Je suis tellement content que tu sois là… » il chuchote, tout en se serrant contre moi, et en passant sa main chaude derrière ma nuque. Le bogoss me ressert du Jurançon et me passe une autre part de pizza. Nous mangeons en silence ; en fait, nous n’avons pas besoin des mots ; nous nous sommes tout dit, et ce que nous nous ne sommes pas dit, nous le savons quand même : car nos émotions sont là, elles flottent autour de nous, intenses, vibrantes, palpables. Dans la petite maison, il n’y a pas de télé, pas de radio, pas de téléphone, même pas d’électricité. Est-ce que nous en avons besoin ? Je ne crois pas. Le crépitement du feu dans la cheminée, le ...