0205 Non, ce n’est pas un rêve.
Datte: 28/06/2019,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
... bruit de la pluie sur les ardoises, nos regards qui se cherchent, se caressent, nos sourires qui font tant de bien, les bruits légers d’un repas simple mais délicieux : voilà, dans la pénombre mouvante au gré des mouvements de la flamme, la douce musique de notre amour, de notre bonheur. Le seul fond sonore dont nous avons besoin. Quand l’amour est là, il se suffit à lui-même. Jérém vient de terminer sa part et se relève pour aller chercher quelque chose dans le garde-manger. Il en revient avec un gros morceau de fromage et un pain massif. « Tu vas goûter ce fromage et tu m’en diras des nouvelles… » il me lance, tout en me tendant un morceau généreux. Dès la première mise en bouche, je découvre une saveur délicieuse. « Mais il est super bon ! ». « C’est du vache-brebis, il est un peu affiné » il m’explique, tout en découpant le pain avec un gros couteau « c’est un pote d’ici qui le fabrique… c’est le meilleur fromage du monde ! ». Le pain aussi a une saveur délicieuse : sa croute croustille, sa mie est dense, c’est du vrai pain de campagne. Et de montagne. Du fromage vache-brebis, avec ce vrai pain consistant et une gorgée de Jurançon, le tout dégusté en compagnie du gars que j’aime, il y a de quoi se damner ! Le bogoss s’allume une cigarette et la fume devant le feu. « Pas d’électricité, pas de télé… » fait le bogoss, le regard fixe vers le feu « pas de voisins, pas de bruit… pas de réseau, pas de téléphone… il n’y a pas beaucoup de confort ici, mais je me sens bien comme ...
... nulle part ailleurs au monde… ». Je comprends parfaitement ses mots : c’est vrai qu’on se sent bien dans cette petite maison, dans ce refuge spartiate mais douillet. Pourtant, je me dis que la contrepartie à la tranquillité, ça doit être la solitude. « Mais depuis que tu es là, tu ne t’es pas senti seul ? ». « Seul ? Non… enfin… si tu veux… de toute façon, j’avais besoin d’être seul… j’avais besoin de faire le point… et puis, j’ai quelques potes ici… depuis que je suis là, j’ai souvent été invité manger… ». « Alors, ici c’est la maison de tes grands-parents ? ». « Oui, du côté de ma mère… ils habitent Tarbes mais ils viennent ici l’été… du coup, jusqu’à mes quinze ans, je suis venu ici tous les étés… j’étais tellement bien ici, avec papi et mamie, tellement mieux qu’à Toulouse, chez mon père… mes grands-parents ont été très importants pour moi, surtout après le divorce de mes parents… ici, chez eux, c’était mon refuge… le cheval c’était mon refuge… je venais aussi pendant les vacances scolaires, mais comme mes grands-parents étaient à Tarbes, je créchais chez Charlène, une amie à eux qui tient un centre équestre pas loin d’ici… Charlène est comme une tante très rigolote… en fait, c’est presque une mère pour moi… dès que je pouvais, je venais ici, je faisais du cheval, je respirais… j’avais presque oublié à quel point c’est bon… ». « Tu fais du cheval ? » je fais, surpris. « Je t’ai pas dit ? ». « Non, je ne sais rien de toi, Jérém… ». « J’en fais depuis tout jeune… c’est mon ...