Seul ce soir - Histoires de Sexe

Seul ce soir

... faudrait ouvrir une galerie d’exposition à Paris. Je vais essayer d’extorquer l’argent à mon ex-mari. Elle possède un studio en dehors de la ville, dans une ancienne ferme. Elle fait surtout des portraits et des nus. Évidemment, j’essaie d’en savoir un peu plus sur ce dernier point. Elle m’avoue, un peu rougissante, que ce sont des autoportraits. Je suis curieux de voir le résultat, lui dis-je. — Je ne sais pas, me dit-elle, c’est assez intime…— Cela te gêne ? Tu étais mannequin, cela ne devrait pas te gêner…— Personne ne les a encore vues. Et je ne suis pas sûre de vouloir les exhiber.— Tu n’as pas répondu à ma question… Est-ce que le fait de montrer des photos de toi nue te pose un problème ? Serais-tu pudique ? Pour toute explication, elle défait un bouton de son chemisier blanc. Le décolleté était déjà profond, il devient plongeant. L’arrondi est plutôt joli… enfin… de ce que j’en vois. — Est-ce que ceci te convient comme réponse ?— C’est un bon début… Toujours à propos de tes photos… Est-ce qu’il y a des mises en scène ?— Ce sont des prises de vue en noir et blanc, avec un éclairage bien précis sur certaines zones. J’essaie de retrouver un peu de l’esprit du studio Harcourt.— Oui, je connais… Ce sont ceux qui ont fait les portraits de Gabin, Delon, Bardot, Garbot…— Ils travaillent encore, tu sais : Louise Bourgoin, Jean Dujardin, Bénabar, Benoît Poelvoorde.— Ah ? Je ne savais pas qu’ils en faisaient encore. Mais je vois très bien le style. Tu arrives à retrouver cette ...

... ambiance ?— J’essaie.— Es-tu complètement nue sur ces photos ?— Complètement… répond-elle en plantant son regard dans le mien.— Tu m’intrigues. Je veux les voir.— Écoute… plus tard peut-être… mais… euh… pas tout de suite. On ne se connaît pas assez.— OK. D’accord. Je te laisse tranquille avec ça. À part la photo, as-tu d’autres passions ?— Oui… la musique. Je suis fan de jazz des années 40 et 50… mais pas au-delà de 1958.— Outch ! C’est très précis, ça. Je ne connais pas trop le jazz. En fait, je ne m’intéresse qu’assez peu à la musique. Je suis plutôt littérature. Je dévore des bouquins. Et je mange de tout. Que ce soit des thrillers comme Maxime Chattam ou Harlan Coben, des classiques, Shakespeare ou Tolstoï, des trucs plus légers, façon Anna Gavalda… De tout. Il y a un genre que je n’aime pas, ce sont les romans de gare soi-disant érotiques, façon SAS. Le fait qu’elle écoute, qu’elle sache écouter me trouble. C’est la première personne qui me donne cet effet. Savoir que je suis écouté. Je ne sais pas ce qui me passe par la tête, mais je lui demande, à voix basse, de se rendre aux toilettes pour qu’elle retire ses sous-vêtements. On saute du coq à l’âne, de la conversation presque anodine à quelque chose de beaucoup plus personnel, s’agissant de sexe. Elle fait des yeux ronds, et un peu moqueurs. Ceux qui disent : « Tu exagères, mais j’accepte avec plaisir ». Sans un mot, elle se lève et se dirige vers le fond du restaurant. J’en profite pour la détailler. Chevelure de feu ...