1. Mon patron, cet abruti (2 / 7)


    Datte: 22/07/2019, Catégories: nonéro, humour,

    ... réparer votre voiture ? Le contenu de la seconde page de mon carnet d’injures défile à toute allure devant mes yeux ! Une fois de plus, j’accomplis l’effort surhumain de me dominer. — Hélas ! dis-je en prenant un air contrit.— Je suis désolé. « Ben tiens ! » me dis-je. — Ce n’est pas de votre faute, monsieur.— Non, bien sûr, mais… je ne voudrais pas que… que vous soyez dans l’embarras.— La voiture roule, ne vous en faites pas. Je la ferai réparer lorsque j’en aurai les moyens, voilà tout.— Oui, bien sûr. Il me regarde, puis son visage s’éclaire, comme s’il lui venait une inspiration soudaine. — Ah ! mais… j’y songe ! Je peux sans doute vous aider… Je le vois qui plonge dans la poche de sa veste et en sort son portefeuille. « Il va quand même pas me filer du pognon, ce con ! » — Tenez, dit-il en me tendant une carte. Vous pouvez rendre visite à ce carrossier, si vous voulez. C’est un ami. Vous lui dites que vous venez de ma part, et…— C’est trop aimable, monsieur, mais…— Je vais le prévenir, ne vous en faites pas. Je lui ai déjà rendu service à diverses reprises, et si je le lui demande, il ne verra aucun inconvénient à faire un geste pour vous.— Mais… Je ne voudrais pas déranger… Il ne faut pas… Je balance entre l’envie de le remercier et celle de l’envoyer paître avec ses copains et ...
    ... sa pétasse de femme ! D’un côté, je me dis que c’est mon patron et que j’ai besoin de fric, et de l’autre je ne puis m’empêcher de me méfier de lui. Son brusque changement d’attitude à mon égard me paraît louche, autant que son regard brillant et son souffle court lorsqu’il pose les yeux sur moi. Je pense soudain aux paroles de Cheryl, encore toutes fraîches dans ma mémoire :« Il va fantasmer à mort, cet abruti ! » — … merci, monsieur Darville, dis-je en prenant la carte.— Je vous en prie, répond-il. Je ne voudrais pas que vous me preniez pour un rustre. J’avoue vous avoir fraîchement accueillie, lundi, et je dois me faire pardonner. Je suis ravi de pouvoir vous rendre ce service. Je hoche la tête et grimace un sourire, avant de le remercier encore une fois pendant qu’il me déshabille du regard. Il ouvre la porte coupe-feu et s’efface pour me laisser passer. Je le sens dans mon dos occupé à me reluquer pendant que nous marchons dans le couloir, alors je ralentis pour qu’il me rattrape et marche à ma hauteur. Nous échangeons encore quelques mots et nous quittons devant la porte de mon bureau. Tandis qu’il me souhaite un bon après-midi, je crois voir briller encore dans ses yeux l’image de mes fesses moulées dans mon blue-jean, mais c’est peut-être seulement un effet de mon imagination… 
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