1. Au coeur du silence


    Datte: 09/08/2019, Catégories: ff, froid, parking, voyage, voiture, amour, Masturbation Oral jouet, aventure, roadmovie, amourpass,

    ... quitter un instant la route des yeux. — Tu as peur ?— Non. Je n’ai jamais peur en voiture. Mais avec toi je suis sans doute inconsciente.— Ça te plaît, la vitesse ?— Oui. C’est excitant.— Tu vas voir. Cela ne fait que commencer. Accroche-toi. Deux poids-lourds se doublent entre eux. Je m’attends à ce que Valma patiente sur la file de gauche. Mais non, nous passons au milieu ! Pour notre étroit bolide il y a juste la place. La conductrice retient sa respiration pour éviter les mouvements de bras parasites. Les klaxons agacés des routiers s’éloignent à l’arrière. Je commence à penser que je suis montée dans la voiture d’une inconsciente qui va finir par nous tuer. Mais curieusement je ne ressens toujours pas de crainte. Seulement une curiosité mêlée d’enthousiasme. Sa fièvre de vitesse est communicative. Je m’accroche et observe. La nuit, il faut savoir lire la route. À cette allure, évidemment, aucun droit à l’erreur. Tout y est code, points lumineux, ou traits de couleurs. Le jour, ce sont de grandes surfaces colorées, avec des ombres et des repères qui aident le cerveau à reconstituer la troisième dimension. Sans le soleil, tout est différent. Je n’ai pas l’habitude de conduire la nuit ailleurs qu’en ville. L’obscurité nous engouffre au fur et à mesure que nous avançons. Indépendamment de la vitesse, je suis sensible à la beauté du paysage nocturne de l’autoroute. C’est un tableau qu’il faut savoir regarder. Nous sommes à présent éloignées de toute source lumineuse. ...
    ... Par le pare-brise, je distingue l’étoile polaire. Nous filons plein Nord. Déjà nous attaquons les pentes du sud du Massif Central. Je sens la concentration totale de Valma, à laquelle je n’ose pas adresser la parole, en ne distinguant que sa silhouette, sauf de très brefs instants où des phares d’un autre véhicule nous atteignent comme un éclair d’orage. En devinant plus qu’en voyant son visage, je suis gagnée par la fascination pour cette femme qui fait corps avec la route d’une manière si totale que plus rien d’autre n’existe. Sa poitrine se soulève avec régularité, signe qu’elle reste parfaitement calme, sans gaspiller son énergie. Elle prend une bretelle d’aire de service. À cette vitesse, la consommation de carburant impose un ravitaillement fréquent. Tandis qu’elle tient le pistolet de la pompe à essence, quitte à risquer une rebuffade comme Frank, je me lance d’une phrase bien préparée : — Sincèrement, tu me plais. J’ai envie d’aller plus loin avec toi que ce bout de chemin jusqu’à Paris.— Je sais. Moi aussi. J’avais deviné cela à ton premier regard, à la première minute du premier jour. Je hasarde une main sur la sienne. Tout en remplissant son réservoir, elle m’adresse un sourire en retour. Tout va bien. Elle va payer ; je l’accompagne. À plus de deux heures du matin, nous sommes les seuls clients. Le gérant semble dérangé par notre présence tant il était absorbé par sa lecture d’une revue typiquement destinée aux hommes – il en vend, aussi, pour les routiers et ...
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