Aïcha, ou les exils
Datte: 12/09/2019,
Catégories:
fh,
ff,
hotel,
anniversai,
amour,
confession,
historique,
... rehaussé par des pommettes saillantes mordorées, des yeux profonds et luisants comme des braises, une bouche un peu large qui semblait appeler aux baisers. De magnifiques et longues boucles châtain foncé cascadaient autour de son cou gracile. Sa voix enfin était engageante et mélodieuse, si suave que toutes ses paroles se muaient en soyeuses caresses qui achevaient de la rendre irrésistible. L’amour qu’elle portait à Claire éclatait dans chacun des gestes qu’elle lui prodiguait et des regards dont elle la couvait. Ils contenaient quelque chose de maternel et de protecteur, mais aussi de passionné. Elle serait à l’égard de ma fille, mère et épouse jalouse. Une amabilité et une serviabilité parfaite complétaient le tableau. Très vite, je me surpris à envier Claire. Son bambin, Quentin, parfaitement bien élevé, d’une drôlerie désopilante et d’une sagesse exemplaire subjugua Kadour, encore plus que sa mère et celui-ci retomba en enfance, se pliant aux caprices du chérubin. Elle m’offrit, en cet anniversaire, un coffret contenant trente aquarelles peintes de sa main représentant des paysages, des villes, des fantasias, des scènes de la vie rurale du Maghreb. Rien ne pouvait me faire plus plaisir, je la remerciai en l’embrassant et constatai que hors des atteintes du temps, elle fleurait… l’immuable Aïcha. — Pourquoi donc ne faites-vous aucun portrait ?— En guise de portrait, vous avez Kadour et m’aurez moi, belle-maman, sans compter votre miroir ! Ce fut dit avec tant de naturel ...
... et de gentillesse que cela me fit fondre. Le repas fut succession de plaisanteries et de rires, car elle sut convoquer le soleil intempérant du Maghreb à notre table. Aïcha expliqua qu’elle adorait son pays s’il n’y était le statut de la femme et qu’elle avait préféré divorcer plutôt que d’y suivre un époux, déjà autoritaire ici, qui voulait y retourner. Au dessert, les deux filles nous expliquèrent qu’Aïcha possédait un appartement dans le centre-ville qu’elle souhaitait rénover intégralement avant d’y installer sa « fiancée ». Claire nous demanda si pendant les travaux qui risquaient d’être longs, elles pourraient occuper toutes deux avec Quentin son ancienne chambre. Kadour immédiatement opina et proposa ses services pour les travaux qui pouvaient relever de ses compétences, autant dire tous. Tout en opinant aussi, j’éprouvais une indéfinissable réticence. Vers la fin de l’après-midi, j’étais aux toilettes qui hélas se situent chez nous dans la salle de bain quand Aïcha y entra avec l’emportement propre à son âge. Lorsqu’elle m’y aperçut, la culotte roulée sur les cuisses et la jupe retroussée autour de la taille, elle en fut bien plus surprise et surtout plus gênée que moi. Elle rougit violemment et bafouilla : — Oh, excusez-moi, je suis désolée, la porte était ouverte. Dans le même temps, elle demeura figée me fixant presque hallucinée, comme victime d’une étonnante apparition. Enfin elle se retira, à reculons. Pendant que Kadour et Claire jouaient avec Quentin, je la ...