1. Une vie de....


    Datte: 05/09/2017, Catégories: Humour, Inceste / Tabou

    Bien sûr qu'on a sa fierté, surtout que le boulot ne fait pas peur, mais la retraite il ne faut pas compter avec. Parfois, certains signes te laissent à penser que...une baisse d'activité passagère, non, non, pas une histoire de carnet de commande, non, nous, mon Boss et moi on est au coup par coup, à l'opportunité, chasseur ou pêcheur tu vois ? Oui de l'artisanat, du petit, on fait beaucoup dans le manuel. Lui, c'est le commercial, tu vois le style, bla-bla-bla et encore bla-bla et si ça suffit pas il en remet une couche. Un têtu, faut qu'il y arrive. Rarement je l'ai vu se casser sans avoir ferré la pièce, de l'ablette à la baleine il assure. Moi je suis là pour finir la bête, le roi de l'estocade je suis...il y a des fois où je me rate, l'autre, le boss il récupère le coup jusqu'à ce que je la mette à l'agonie. Il y a des coups où j'ai honte, faut les entendre les râles, les cris, les halètements, parfois c'est insupportable, ça frise l'opéra, façon La Callas, La Thébaldi, en moins bien, plutôt Céline Dion, bon j'ai droit à tout, à n'importe quoi et même à rien, mais rien de rien ! Le patron ça le rend fou, mais fou agité, et c'est ma pomme qui morfle...j'en suis déjà sorti avec une incapacité temporaire...de la Biafine il a fallu, oui. Dans ces cas là le boss il est pas fier, il compatit sérieux, on dirait qu'il partage ma souffrance, il se planque aux abonnés absents.T'as compris que notre job c'est pas du tout cuit. D'un côté ça évite la routine, l'ennui, de découverte ...
    ... en découverte on vagabonde et on découvre.Depuis l'aube de notre jeunesse, cette complicité perdure et surtout s'affine avec les décennies. Tu me diras, difficile de faire autrement. Je me vois pas lui faire la gueule. Lui, me virer ? Bon courage, sauf accident...pour dire vrai, mes premières émotions anticipèrent les siennes, au berceau déjà paraît-il, les tatas étaient des observatrices attentives et émues. "Et bien, celui là, il promet !" Puis vint une longue période, très longue où je fus rendu au rang d'ustensiles, utile bien sûr, mais dans un rôle passif, l'ustensile banal. Et je t'att****, et je te range, pas un mot, pas un regard, pas un câlin, rien. On s'y fait tellement qu'il est possible, suivant le patron que tu as de passer ainsi sa vie. Dans mon cas cela dura bien quinze ans. En réalité j'ai commencé ma vie par la retraite. Pourquoi pas ?Ce devait être un début d'été, sans doute aussi un début de vacances, nous faisions du patin à roulettes dans la rue, deux ou trois gamins. La chaleur et la soif firent que l'un d'eux proposa de se désaltérer chez lui, soit la villa juste en face, ce que nous fîmes. Va savoir pourquoi, les deux autres burent leurs godets à fond la caisse et retournèrent prompto sur le macadam. Le liquide était glacé, je buvais par petites gorgées quand survint la grande sœur, une vieille de trois ans mon aînée. Elle se dirige direct vers le frigo, boit au goulot d'une bouteille d'eau, la repose et enfin me découvre. "T'es vachement grand toi!" ...
«1234»