1. La Parabole du combiné-gaine


    Datte: 13/10/2019, Catégories: Entre-nous, Hétéro

    LA PARABOLE DU COMBINE-GAINE Pour les employés des Etablissements Robert et pour les quelques rares personnes qui la croisaient dans sa vie privée, Christine O'Brien était une énigme. En cette année 1960, où la France finissait de se relever des conséquences d'une guerre pour en vivre une autre, l'ancienne entreprise d'armement transformée en fabricant de machines outils par Paul Robert, un véritable capitaine d'industrie, ancien grand résistant, qui régnait en tyran sur son personnel et sur les marchés, était toujours aussi florissante. Cet homme au passé glorieux ne faisait confiance à personne, sinon à sa secrétaire personnelle, entrée comme employée depuis 15 ans dans la société et qui en connaissait tous les rouages. Christine était un cas à part dans l'entreprise. A 46 ans, personne ne connaissait ni son âge, ni sa vie familiale. Courtoise et précise dans son travail, elle se refermait sur tout ce qui débordait du cadre professionnel. Le domaine de ses compétences avait largement dépassé celui de la petite sténodactylo qui avait été embauchée en 1945. En fait, les dossiers qui lui étaient confiés n'étaient connus que de son patron. Toutefois, celui-ci ne s'était jamais intéressé à autre chose qu'à l'excellent travail fourni par celle, qui si elle n'en avait pas le titre, était sa collaboratrice privilégiée. Elle était la seule employée à avoir un bureau personnel et n'avait aucun contact avec quiconque. D'ailleurs, les rares cadres qui l'avaient approchée et avaient ...
    ... tenté de lier une relation avec elle, avaient très vite compris que la démarche était inutile. Pourtant, Christine était ce que l'on peut appeler une belle femme. Avec ses 1m65 et de hauts talons, elle passait à l'époque pour grande. Son corps, tout en rondeurs harmonieuses, était prisonnier, hélas, d'une sobriété spartiate. Elle ne portait que des tailleurs de couleurs tristes, gris le plus souvent, au mieux bleu marine, sur des corsages immanquablement blancs. Le seul "caprice" qu'elle se permettait concernait ses dessous qui auraient fait s'enthousiasmer aujourd'hui les soixantenaires nostalgiques des bas nylon, dentelles, satin et autres tissus soyeux. Mais comme sa vie privée, ces détails affriolants n'étaient connus que d'elle. Son visage, aux joues rondes et pâles légèrement rehaussées de rose, la rajeunissait de par sa candeur et ce côté prude. Un peu de fantaisie résidait dans un rouge à lèvres rosé et brillant qui venait porter une teinte plus riante sur ce beau visage dont l'apparente tristesse était accentuée par un regard gris bleu. De couleur châtain, ses cheveux étaient coupés en carré atténué par une frange frontale et des pointes qui encadraient ses grosses joues. une journée harassante Ce jour-là, le patron l'appela dès son arrivée à 8 heures. Un ingénieur avait rédigé un devis qui était truffé d'erreurs et n'avait aucune chance de passer un appel d'offres délicat qui devait se tenir le lendemain. Sans un regard pour elle, comme à son habitude, il lui confia le ...
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